Les stratagèmes pullulent sur les plateformes de vente en ligne, pour soutirer de l’argent aux utilisateurs. La chasse à la fraude s’apparente «au jeu du chat et de la souris», explique Daniel de Carvalho, directeur de communication d’entreprise auprès de la maison mère d’anibis.ch, SMG Swiss Marketplace Group. Les arnaqueurs ont toujours une longueur d’avance que les plateformes doivent systématiquement rattraper. Fausses annonces et fraude de frais de livraison représentent 30% des cas de cybercriminalité dans le canton de Vaud, estime la Police cantonale.
C’est ce qui s’est passé pour Sophie*, qui souhaitait vendre sa table de salon 300 fr. Elle a publié une annonce sur deux plateformes: anibis.ch et Facebook Marketplace. Un premier client potentiel la contacte rapidement via WhatsApp. Mais plusieurs éléments intriguent Sophie: demandes de retrait de l’article via un transporteur, numéro français, messages peu clairs et insistants… Alarmée, elle se rétracte du processus de vente.
Nouveau message, en provenance d’un client de Marketplace, cette fois. La plateforme diffère, la mésaventure reste la même. Alors que Sophie est bien là pour vendre sa table de salon, voilà que son interlocuteur lui demande de verser la coquette somme de 105 fr. pour «des frais d’assurance». Un transporteur, mandaté par l’acheteur, est censé rembourser cette somme le jour du retrait. Elle constate que le numéro est roumain. Notre lectrice décide à nouveau de tout arrêter et de bloquer les comptes en question. Elle a évité ce que Prévention Suisse de la Criminalité nomme une «fraude à l’avance de frais de livraison».
Pour contrer les arnaques, anibis.ch a tissé un partenariat avec Tripartie, «spécialiste de la sécurisation des achats et des ventes entre particuliers», qui fonctionne comme garantie. Une stratégie qui engendre toutefois des frais de service, renchérissant d’autant l’usage de la plateforme.
Reste que les utilisateurs se retrouvent démunis lorsqu’ils sont victimes d’arnaques. Parmi les cas remontés auprès de notre Service juridique, tous n’ont pas su identifier les signes avant-coureurs d’une fraude comme Sophie a pu le faire.
Astuces
Bon à Savoir vous suggère quelques conseils pour repérer les signaux d’alerte, en cas d’arnaque.
Scrutez le profil du vendeur ou de l’acheteur
Un compte nouvellement créé, des coordonnées bancaires qui ne correspondent pas au nom affiché sur le profil, un lieu de résidence différent de celui de l’objet… Tous ces détails peuvent cacher une fausse annonce.
Ne transmettez pas vos documents d’identité
Selon la Police cantonale vaudoise, «ils risquent d’être utilisés pour mettre en confiance d’autres victimes, voire pour ouvrir des comptes dans des néobanques où le système d’identification n’est parfois pas aussi pointu que dans une banque classique». Il est alors conseillé de refaire ses papiers d’identité.
Demandez à votre interlocuteur de vous voir pour procéder à l’échange en main propre
Stratégie certes peu pratique à une époque où il est possible de tout se faire livrer, elle permet de ne pas débiter de l’argent sans jamais voir la couleur de l’article… ou d’envoyer le colis en s’inquiétant pour le paiement. Toutefois, cela nécessite une proximité géographique et du temps.
Si l’acheteur vous propose de passer par les services d’un transporteur (DHL ou EMS par exemple), fuyez! Il risque de vous demander d’avancer une somme qu’il vous versera «plus tard». Il ne faut jamais avancer des frais quand vous êtes vendeur.
Restez sur la plateforme d’origine
Les arnaqueurs ont tendance à demander des adresses e-mails privées ou des numéros de téléphone pour sortir du cadre sécurisé de la plateforme. Si votre interlocuteur insiste, il vaut mieux se méfier et utiliser la messagerie intégrée.
Demandez des photos ou des renseignements supplémentaires sur l’article
Cette manœuvre peut vous assurer que l’objet existe bien, surtout s’il est exposé dans un contexte privé (un salon de particulier, une chambre, des détails personnels sur la photo, etc.).
Portez une attention particulière aux caractéristiques du bien
Une recherche rapide sur Internet permet de déterminer le prix neuf d’un objet. Des prix défiant toute concurrence devraient éveiller votre méfiance.