Une grosse fatigue, une sensation de chaud, puis de froid, des frissons ou encore des courbatures… En cette période hivernale, de tels symptômes indiquent que vous avez peut-être de la fièvre. Pour en avoir le cœur net et suivre l’évolution de la maladie, l’utilisation d’un thermomètre médical est une nécessité.
Deux sortes de produits se partagent le marché à l’heure actuelle. D’un côté, les modèles à insertion classiques, faciles d’emploi, peuvent être utilisés dans la bouche, le rectum ou encore sous l’aisselle. De l’autre, ceux à infrarouge. Ils ont connu un essor durant la pandémie de Covid-19. Plus onéreux, ils évaluent le rayonnement thermique au niveau du tympan (auriculaire) ou du front (frontal).
Comment faire le bon choix? En collaboration avec l’émission On en Parle de la RTS, Bon à Savoir a fait tester 10 thermomètres: 4 à insertion et 6 à infrarouge. Trois critères ont été examinés: la précision, la reproductibilité (soit la variation possible du résultat entre chaque prise d’une même température) et la durée de la mesure.
De la qualité à petit prix
Résultat: un thermomètre à infrarouge obtient l’appréciation globale «très bon». A la fois précis, constant et rapide, le modèle ThermoScan 6 IRT6515 de Braun est aussi l’un des plus chers de notre comparatif: 79.95 fr. Il se démarque de ses concurrents avec une très bonne note en matière de reproductibilité. La température affichée n’est susceptible de varier que de 0,11°C entre plusieurs prises, contre 0,2°C à 0,3°C pour d’autres thermomètres.
Sept produits, dont quatre à infrarouge et trois à insertion, sont jugés «bon». Parmi eux figurent deux des moins chers de notre sélection. Il s’agit de modèles à insertion qui se distinguent par leur excellente précision de la mesure: le ClassicTemp de la marque Reer, d’une valeur de 5.20 fr., et le Thermomètre médical à affichage numérique de Conviva, vendu chez Coop à 5.50 fr.
Appareils à insertion: précis mais lents
Tous les thermomètres à insertion se sont avérés très précis, avec chacun moins de 0,1°C de différence par rapport à la valeur de référence. Point négatif: la durée de la mesure est longue. Lors d’une prise de température orale, elle fluctue entre 25 et 45 secondes pour les deux plus lents: le Thermoval rapid et le Thermomètre médical numérique M-Classic, qui obtiennent l’appréciation «insatisfaisant» sur ce critère.
Cette attente peut entraîner de l’impatience, notamment chez les jeunes enfants, et conduire à retirer le thermomètre avant la fin de la mesure, affectant précision et reproductibilité.
Interpellé, Hartmann, le fabricant du Thermoval rapid, répond que les résultats «ne correspondent en aucune façon à [ses] données validées par d’autres laboratoires de tests». L’entreprise indique avoir «une exigence de qualité élevée» et précise que ses produits «sont vérifiés régulièrement».
La Migros, qui produit le Thermomètre médical numérique M-Classic, se dit surprise que son produit ait été jugé «insatisfaisant» sur ce critère. Elle rappelle «qu’il s’agit du modèle de base à un prix très avantageux» et que les 45 secondes correspondent «aux indications sur l’emballage» où figure même le temps de 60 secondes. Elle propose deux autres modèles avec une durée de mesure plus courte.
Notons que la précision des dispositifs à infrarouge est généralement légèrement moindre. En revanche, le résultat s’affiche rapidement: moins de 2 secondes pour la majorité des modèles, jusqu’à 5 secondes pour les plus lents.
Deux modèles en queue de peloton
Deux appareils se contentent d’une appréciation globale «satisfaisant». Le Thermomètre médical numérique M-Classic est pénalisé par sa lenteur. Modèle infrarouge à la fois auriculaire et frontal, le Beurer FT 65 s’avère quant à lui peu précis. Si la mesure auriculaire est jugée satisfaisante, la prise de température frontale, elle, apparaît comme mauvaise. L’écart moyen par rapport à la valeur de référence est de 0,83°C. Or, plus cet écart est important, plus le risque de faire croire qu’on a, ou pas, de la fièvre est grand.
Contacté, Beurer n’a pas souhaité commenter ce résultat.
Kevin Gertsch
Les critères du test
Un laboratoire spécialisé allemand a analysé 10 thermomètres médicaux achetés en grands magasins, en pharmacie et sur des sites de commerce en ligne, pour Bon à Savoir et l’émission On en parle de la RTS. Au total: 4 appareils à insertion et 6 à infrarouge. Parmi ces derniers figuraient 2 modèles frontaux, 2 modèles auriculaires et 2 autres permettant de réaliser, à choix, une mesure auriculaire ou frontale. Les critères suivants ont été examinés:
1. Précision de la mesure
La précision des thermomètres à insertion a été testée en laboratoire, avec trois essais sur cinq températures comprises entre 36 et 40°C. Celle des thermomètres à infrarouge a été évaluée en conditions réelles, sur 5 adultes. Quatre mesures ont été effectuées par les sujets eux-mêmes, puis 4 autres par un professionnel. Elles ont été comparées avec celle d’un thermomètre de référence à insertion.
2. Reproductibilité de la mesure
La reproductibilité correspond à la variation de la mesure pouvant survenir à chaque prise de température. Elle a été calculée en conditions réelles, sur 5 adultes. Quatre mesures ont été effectuées par les sujets eux-mêmes, puis 4 autres par un professionnel.
3. Durée de la mesure
La durée de la mesure se rapporte au temps qu’il faut au thermomètre pour afficher son résultat. Elle a été relevée en conditions réelles. Deux adultes ont pris trois fois leur température par voie buccale afin de définir la durée moyenne.
Prendre sa température
La fièvre est généralement définie par une température supérieure à 38°C, mesurée au moyen d’un thermomètre rectal, explique Timothée Wuillemin, spécialiste FMH en médecine interne générale à Meyrin (GE). Réaction de défense de l’organisme, elle constitue une indication pour attirer l’attention sur une infection, par exemple. Chaque méthode de prise de température présente des avantages et des inconvénients.
Thermomètres à insertion
Mesure rectale
La mesure rectale se rapproche le plus de la température centrale du corps et est considérée comme la méthode de référence. Elle est privilégiée pour les jeunes enfants, avant 5 ans, et demande une certaine délicatesse. L’embout est inséré d’environ 1 à 2 cm dans l’anus. Il est important de nettoyer soigneusement le bout de la sonde avec un désinfectant, afin d’éviter la propagation des contaminants.
Mesure buccale
Moins invasive, la prise de température buccale n’est pas recommandée pour les enfants de moins de 5 ans. Ce procédé demande de garder la bouche bien fermée et de respirer par le nez. L’embout doit être placé dans une des poches de chaleur située sous la langue. Attention: l’ingestion d’aliments et de boissons, chaudes ou froides, peuvent notamment avoir une influence sur la mesure.
Mesure axillaire
La mesure axillaire consiste à placer l’embout du thermomètre sous l’aisselle, bien sèche, en abaissant le bras près du corps. Ne présentant pas de risques de lésions comme la voie rectale, elle peut également être utilisée chez les jeunes enfants de moins de 2 ans. Cette méthode est toutefois sujette à des variations: la température de la peau fluctue avec les changements de température de l’environnement et la mesure se fait à distance des gros vaisseaux sanguins, note le Dr Wuillemin.
Thermomètres à infrarouge
Mesure auriculaire
La mesure auriculaire s’effectue au niveau du tympan. Le positionnement de l’embout est essentiel. La sonde s’insère en tirant le lobe de l’oreille vers le haut et vers l’arrière, afin de redresser le conduit auditif. La présence d’un bouchon de cérumen peut influencer le résultat.
Mesure frontale
Il faut placer le thermomètre conformément à la notice, en général perpendiculairement et au milieu du front, entre les sourcils. La sueur et les inflammations cutanées peuvent avoir un impact sur la mesure. Il est important que la peau soit bien démaquillée et sèche. Les cheveux, quant à eux, doivent être dégagés.