Le fructose, qui se trouve naturellement dans les fruits et les légumes a l’avantage d’être associé à d’autres nutriments essentiels (lire encadré). C’est une autre chanson lorsqu’il est artificiellement ajouté à de nombreux produits industriels. Les spécialistes le considèrent alors comme le sucre le plus dangereux pour la santé. L’an dernier, des chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH) ont démontré qu’il pouvait provoquer une croissance incontrôlée du cœur et, par conséquent, augmenter les risques d’arrêt cardiaque.
Une autre étude, publiée en 2015 par l’Université de Bâle, dénonce d’autres méfaits du fructose ajouté. Les scientifiques ont pu établir qu’il ne procurait pas la même sensation de satiété que le glucose. Il appelle donc à consommer davantage et favoriserait des maladies, comme l’obésité, le diabète, l’engraissement du foie ou la goutte. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande d’ailleurs de ne pas en consommer plus d’un gramme par kilo de poids corporel par jour.
Il donne une image saine
Ce qu’il faut savoir, c’est que le fructose ne se cache pas seulement dans les sucreries, mais dans toutes sortes de denrées qui se veulent saines et peu caloriques. Mais l’industrie alimentaire ne semble pas se soucier des récentes découvertes scientifiques en la matière. Le fabricant de boissons Valser, par exemple, ajoute du fructose dans ses eaux aromatisées Viva qui se vantent d’être «pauvres en calories». Il estime que cela ne présente aucun risque pour les consommateurs qui boivent ces produits de manière «équilibrée».
Interrogée sur le sujet, Migros nous a affirmé qu’elle ne misait généralement pas sur le fructose, même si son ajout dans certains produits présentait des avantages: «Il a un pouvoir sucrant plus élevé que le sucre cristallisé. Les confitures Fit & Well, par exemple, contiennent 40% de moins d’hydrates de carbone que les préparations classiques.» Et d’estimer, par conséquent, qu’il s’agit d’un ingrédient favorable aux personnes diabétiques.
Pas toujours identifiable
De son côté, Coop fait preuve de scepticisme: «En l’état actuel des connaissances, on ne sait pas dans quelle mesure le fructose peut être nocif s’il est consommé en quantité modérée.» Le grand distributeur reconnaît toutefois que, sur le plan de la santé, il n’est pas pertinent de le substituer au sucre cristallisé.
Le plus pervers, dans tout cela, c’est que cette substance est présente dans les produits sans en avoir l’air. Un exemple? Le muesli Familia Body Balance aux myrtilles et noix de pécan, vendu chez Coop et Manor notamment, est sucré avec du sirop d’agave (7%). Ingrédient qui, selon sa fabrication, peut contenir plus de 90% de fructose!
Une confiture qui contient 40% de calories en moins? C’est la promesse de la gamme «Extra Fit & Well» vendue chez Migros. Le problème, c’est que le sucre cristallisé a été remplacé par du fructose. Ce qui est rassurant, c’est de voir que le géant orange – et ses industries – propose d’autres confitures bio ou traditionnelles avec du vrai sucre.
«Avec 30% de moins de sucre et une haute teneur en avoine complète, ce muesli croquant assure un démarrage idéal dans la journée», se vante la firme bio Familia qui commercialise les céréales Pure balance amandes & miel. Vendu chez Coop et Manor, ce mélange fait, lui aussi, la part belle au fructose. Ce qui n’est heureusement pas le cas de tous les mueslis vendus dans le commerce…
De l’eau de source aromatisée et pauvre en calories? C’est ce que fait miroiter Valser avec sa gamme «Viva». Et avec une teneur qui peut atteindre 42 grammes de fructose ajoutés par litre, nul doute que la boisson soit douce en bouche. Diverses eaux aromatisées des marques Aproz et Nendaz vendues chez Migros ont également recours au fructose. Mieux vaut donc presser quelques gouttes de citron ou ajouter des feuilles naturelles (menthe, etc.) dans de l’eau pour se rafraîchir sainement.
Markus Fehlmann / yng
Eclairage
Le fructose naturel, c’est mieux
Le fructose naturellement présent dans les fruits et les légumes ne pose pas autant de problèmes de santé, sachant qu’il est associé à de nombreux autres composés sains comme les fibres. Mais comme tout abus, la consommation démesurée de végétaux n’est pas idéale non plus. C’est pourquoi la Société suisse de nutrition recommande cinq portions par jour – trois de légumes et deux de fruits – en variant les couleurs et, par ricochet, les apports nutritifs.
Ce qui est nettement plus problématique, ce sont les jus de fruits et autres smoothies. Car après avoir été pelés, pressés, réduits en purée ou même parfois chauffés pendant la production, les végétaux perdent de leurs nutriments (fibres, vitamines, antioxydants, etc.). Au final, il ne reste plus grand-chose de sain et beaucoup de sucre! Raison pour laquelle il ne faudrait pas boire plus de 2 dl de smoothie par jour.