Autant le dire d’entrée: la chute de Lehman Brothers, il y a cinq ans, n’a généré aucune leçon! Pourtant, le 15 septembre 2008, c’est un séisme qui secoue la finance mondiale. Coupables, au mieux, d’incompétence, au pire, d’opportunisme malsain, des traders et leurs patrons ont conduit une immense institution et, avec elle, des milliers d’investisseurs droit dans le mur.
Et le phénomène n’était pas isolé! D’autres banques auraient pu tout aussi bien suivre la même trajectoire. Elles étaient, toutefois, «trop grandes pour sombrer». Et il est bon de le rappeler: c’est le peuple, salvateur ou bonne poire, qui a renfloué leurs caisses pour éviter le naufrage.
Or, quel est le bilan, cinq ans après? Comment cette catastrophe mondiale, qui a eu le seul mérite de mettre en lumière les terribles lacunes d’une trop forte dérégulation, a-t-elle, finalement, permis d’améliorer le système?
Accrochez-vous bien: rien n’a changé! La titrisation, à la base de la crise des subprimes, est repartie de plus belle, après une brève accalmie. Les hedge funds sont en croissance. Et, si certains banquiers font leur job sérieusement, d’autres continuent de jouer aux apprentis sorciers, en cherchant à gagner de l’argent avec de l’argent, plutôt que de miser sur une économie réelle et durable.
Les maigres mesures prises par les Etats depuis la chute de Lehman Brothers ne sont, au final, que de la poudre aux yeux. La finance a repris tranquillement son bonhomme de chemin. La trajectoire, pour ceux qui n’ont pas la mémoire qui flanche, est bien connue: tous cela nous mènera, un jour, de nouveau droit dans le mur.
Loïc Delacour