Tous les moyens sont bons pour augmenter la productivité des bovins. C’est ainsi que des hormones de synthèse – comme le 17-bêta-oestradiol ou la progestérone – sont ajoutés à la nourriture des animaux pour accélérer leur croissance. Le hic, c’est que des résidus se retrouvent ensuite dans la viande qu’on consomme, avec les risques sanitaires que cela suppose.
En Suisse, les élevages n’ont pas le droit de recourir à ces substances, mais rien n’interdit de vendre des produits carnés qui en contiennent. Une aberration qui rappelle furieusement celle des antibiotiques administrés aux animaux (lire Viande aux antibiotiques: faut-il s’inquiéter?). Aussi, 1178 tonnes de boeuf nourri aux hormones ont été importées en 2013, principalement en provenance d’Australie, des USA et du Canada.
L’Europe plus prudente
L’Union européenne est nettement plus stricte. Elle n’autorise pas l’importation de viande aux hormones depuis 1989 déjà. Son Comité scientifique estime que ces substances présentent trop de risques pour la santé des consommateurs. Dans un rapport publié en 1999, il soulignait notamment que le 17-bêta-oestradiol «doit être considéré comme totalement cancérigène».
A l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), on répond que les preuves scientifiques ne sont pas suffisantes. Et son porte-parole, Jürg Jordi, d’ajouter: «Une interdiction sur les importations de viande aux hormones violerait nos engagements commerciaux internationaux.» En bref, la Suisse préfère obéir aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), alors que l’Europe privilégie la santé des consommateurs.
Dispositions jugées suffisantes
La Suisse aurait actuellement l’occasion de changer la donne, puisque l’Ordonnance concernant l’importation, le transit et l’exportation d’animaux et de produits animaux est en consultation jusqu’à la fin de l’année. Directeur de la Protection Suisse des animaux (PSA), Hansueli Huber en a profité pour demander à ce que l’article sur l’autorisation d’importer du boeuf aux hormones soit supprimée.
Or, l’OFAG campe sur ses positions. Il estime que les dispositions actuelles suffisent. Soit l’obligation pour les restaurateurs et les commerçants de déclarer l’indication suivante sur les marchandises concernées: «peut avoir été produit(e) avec des hormones comme stimulateurs de performance». Il ne reste plus qu’à espérer que les acteurs du marché soient honnêtes. Ce qui ne coule pas de source, vu le récent scandale des fausses déclarations du grand fournisseur de viande, le grison Carna Grisha.
Ruth Blum / sr / yng