Du thé noir, un peu de miel, une pointe de citron.
Versez le tout sur des glaçons et vous obtenez un breuvage simple et efficace pour se désaltérer*. Bien loin de la recette du thé froid maison, celle des Ice Tea industriels n’est pas franchement saine. C’est ce que nous avons constaté en analysant quatorze produits achetés dans les principaux supermarchés.
De la théine à dose homéopathique
La base de ces boissons, le thé noir, implique la présence de théine dont la formule chimique est identique à celle de la caféine. Et, précisément, cette teneur est un bon indicateur de la quantité de feuilles utilisées. En général, les Ice Tea en contiennent entre 4 mg et 6 mg au décilitre contre 20 mg/dl pour une tasse de thé noir standard, 9,6 mg/dl dans le Coca et 32 mg/dl dans le Red Bull.
Or, le laboratoire a décelé de grandes différences entre les flacons analysés. Le Lemon Ice Tea de Coop arrive ainsi en tête dans ce domaine, signe qu’il a bien infusé. Petit bémol: les insomniaques et les petits enfants éviteront d’en boire en fin de journée. A contrario, le San Benedetto n’affiche que 0,3 mg/dl de caféine, ce qui laisse supposer que le fabricant s’est montré parcimonieux.
Les experts ont également mesuré la quantité de sucre dans les quatorze bouteilles. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle ne devrait pas dépasser 60 grammes par jour pour un adulte avec une activité physique modérée. Le Suisse fait peu de cas de cette recommandation, puisqu’il en consomme, en moyenne, le double.
En buvant un demi-litre des boissons les plus sucrées de notre sélection, on atteint déjà la moitié de la valeur journalière de l’OMS! Parmi les plus chargés, on trouve le Ice Tea Lemon Qualité & Prix de Coop et le Thé froid citron de Westcliff qui affichent une teneur en sucre de 74 g par litre, ce qui équivaut à 18 carrés de sucre. Le Coca-Cola en contient, en comparaison, 108 g/l.
émail dentaire menacé
Autre sujet de préoccupation pour les experts: l’acide citrique. Il ne devrait pas dépasser un certain seuil de concentration, faute de quoi il attaque l’émail des dents. Problème d’autant plus prononcé s’il est, comme c’est le cas ici, mélangé à du sucre. Dans notre échantillonnage, la quantité d’acide citrique au décilitre varie entre 90 mg et 320 mg. Trois mauvais élèves – les Ice Tea de Spar, de Denner et de Westcliff – n’ont pas obtenu une note suffisante sur ce critère.
Le laboratoire a également décelé une concentration élevée d’acide ascorbique, ou de vitamine C, dans le Ice Tea Citron de Migros, qui affichait 396 mg de cet antioxydant pour 1 litre, alors qu’il suffirait d’en ajouter entre 50 mg et 100 mg par litre. Or, cette substance agresse également l’émail des dents.
Migros assure que l’acide ascorbique n’entre pas dans la préparation de son thé froid et n’explique pas le résultat du laboratoire. «Des recherches sont actuellement en cours pour comprendre la présence de cette substance dans notre échantillon.»
Pesticides en baisse
Parmi les autres substances que nous avons traquées, les édulcorants artificiels. S’ils permettent de réduire l’adjonction de sucre, leurs effets sur la santé sont controversés et ils peuvent déclencher une sensation de faim. Parmi les quatre produits qui en renfermaient, c’est le Farmer de Landi qui était le plus chargé.
Pour terminer sur une note positive, il faut souligner qu’un seul flacon – le Ice Tea de Denner – contenait des traces de pesticides. Le distributeur nous a répondu qu’elles provenaient du jus de citron ajouté et que sa concentration était inférieure aux valeurs limites. Ce résultat est réjouissant en comparaison de notre récent test révélant que la moitié des sachets de thé noir étaient pollués par des pesticides (lire "Trop de sachets boivent la tasse", BàS 4/2016). Autre bonne nouvelle, il n’y avait quasiment pas d’aluminium dans les échantillons, et ce, en concentration trop minime pour porter atteinte à la santé.
Lukas Bertschi / chr
Bonus web: La recette du thé froid «maison»
Les critères du test
Nous avons chargé un laboratoire allemand spécialisé dans les denrées alimentaires d’évaluer quatorze thés froids en fonction de leur teneur en sucre (1), en caféine (2) et en acide citrique (3). Les chimistes ont également mesuré la concentration d’éventuels édulcorants artificiels. Ils ont enfin traqué la présence d’acide ascorbique, de pesticides ou d’aluminium, les plants de thé pouvant absorber ce métal au cours de leur croissance.