Il y a belle lurette que les chauffeurs de taxi italiens et argentins ne jurent plus que par le gaz naturel carburant (GNC, à ne pas confondre avec le GPL, gaz de pétrole liquéfié). Alors qu’en Suisse on ne compte, à ce jour, que 10 500 adeptes. Pourquoi cette frilosité, sachant que 1,47 kg de gaz – équivalent énergétique d’un litre d’essence – est vendu 1.17 fr. en moyenne à la pompe, donc nettement moins que la sans plomb 95?
Technologie équivalente
Sur le plan environnemental, il n’y a pas photo. La combustion du mélange distribué en Suisse (80% de gaz naturel et 20% de biogaz) produit 40% de CO2 de moins que l’essence et a un impact nettement plus faible sur l’ozone. Une quarantaine de modèles «bivalents», capables de rouler aussi bien au gaz qu’à l’essence, sont aujourd’hui disponibles sur le marché, lesquels tiennent la comparaison avec les modèles classiques – si ce n’est un léger déficit de puissance ou de couple. L’autonomie de ces véhicules permet généralement de parcourir un millier de kilomètres avant de devoir se ravitailler à une des 135 stations réparties dans le pays, dont 35 en Suisse romande.
Hélas, malgré un prix à la pompe hors norme, rouler au GNC n’est toujours pas avantageux en Suisse, comme le montre notre comparatif de quatre modèles courants. Sur la base d’un prix moyen de 1.17 fr., ce n’est, en effet, qu’au bout de cinq à dix ans que les économies de carburant permettent de compenser le surcoût, à l’achat, par rapport à un modèle à essence. La faute au prix d’achat, clairement plus élevé que les modèles à essence.
Economie grâce aux rabais cantonaux
Pourtant, la société gazière Holdigaz assure que la plupart des modèles sont amortis après environ 30 000 km, sur la base d’un prix de 0.98 fr./l (valable dans les 11 stations de son réseau romand), en tenant compte des rabais d’impôts cantonaux et des ristournes accordées par les assurances. L’affirmation est, hélas, invérifiable. Certes, les cantons offrent des rabais sur la taxe véhicule des modèles à gaz, de 50% pour la plupart (lire «Rouler écolo adoucit inégalement les impôts, TCF 6-7/2011*). Dans le cas de l’Opel Zafira de notre échantillonnage, le rabais se monte à 326 fr. par an dans le canton de Vaud (mais rien en Valais, par exemple), ce qui permet de baisser la durée d’amortissement à trois ans et demi, respectivement 52 000 km. Et il vrai aussi que quelques assurances font une fleur aux automobilistes roulant au gaz, mais impossible de la chiffrer, chaque contrat se négociant au cas par cas.
En définitive, l’essence, reste plus avantageuse que le gaz du fait que les véhicules GNC coûtent cher, mais aussi qu’ils consomment généralement un peu plus que leurs équivalents à essence. A moins d’un coup de pouce supplémentaire des constructeurs ou des pouvoirs publics, rouler au gaz demeurera donc réservé aux automobilistes qui attachent plus d’importance à leur environnement qu’à leur portemonnaie.
Philippe Chevalier
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