Confier son véhicule une demi-heure au garagiste pour économiser jusqu’à 20% de carburant? La promesse semble trop belle pour être vraie. Le CheckEnergieAuto a pourtant été créé par la très sérieuse Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA), soutenue par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Lancé officiellement outre-Sarine il y quelques mois, il se répand lentement en Suisse romande, avec 19 garages certifiés sur un total de 546 dans le pays.
En pratique, le CheckEnergieAuto dure de 30 à 40 minutes. Il se compose d’une série de contrôles en atelier et de conseils pratiques. Au niveau technique, le garagiste effectue différentes vérifications: le contrôle de l’électronique du moteur, du filtre à air, les contrôles visuels des fuites d’huile, du système d’échappement, de la climatisation, de l’étanchéité du système de carburation, etc. Quant aux conseils, ils portent notamment sur la pression optimale des pneus, l’utilisation de la climatisation, la présence de matériel superflu dans le véhicule ou d’éléments de portage sur le toit (pour l’intégralité du check, voir www.autoenergiecheck.ch).
L’ATE et le TCS relativisent
Toute la question est de savoir si ce service permet vraiment les économies annoncées. L’Association transports et environnement (ATE) confirme la pertinence des mesures proposées, en les relativisant cependant: «Elles sont sérieuses, tout comme les initiateurs de ce programme, mais il ne faut pas s’attendre à atteindre forcément 20% d'économies d’essence. Si la pression des pneus est déjà bonne, par exemple, les résultats d’une optimisation sur ce point seront plutôt faibles», souligne Gerhard Tubandt, son porte-parole. Pour l’ATE, le comportement du conducteur est aussi fondamental: «Il ne sert à rien d’optimiser le moteur si l’on conduit ensuite de manière agressive.»
Le TCS va même plus loin. Tout en parlant d’«une initiative louable pour diminuer la consommation inutile des véhicules», le club automobile rappelle que des gestes simples permettent d’économiser très rapidement du carburant, comme couper son moteur à l’arrêt, enlever les éléments inutiles du véhicule ou encore vérifier la pression des pneus. «Un conseil d’un spécialiste peut aider dans cette démarche, mais il n’est pas nécessaire à notre avis», conclut Laurent Pignot, son chargé de communication.
Un coût horaire inférieur
Et le contrôle technique proposé par Check EnergieAuto? Un des garages certifiés nous a avoué que celui-ci n’a finalement rien d’original. «Il est vrai que la plupart des éléments vérifiés le sont aussi lors d’autres travaux comme le service classique par exemple», reconnaît Markus Peter, chef technique automobile & environnement à l’UPSA. Mais, à ses yeux, le CheckEnergieAuto réunit dans «un paquet intéressant» contrôles techniques et conseils. Une offre qui répondrait à «l’intérêt élevé de la clientèle pour les recommandations touchant à l’environnement, l’énergie et tout ce qui a trait à la mobilité».
Pas forcément indispensable, le CheckEnergieAuto séduit pourtant par son coût relativement modeste. Le prix conseillé est de 49 fr. (lire encadré). Or, le tarif horaire moyen en Suisse des garagistes pour des travaux est de 153 fr., soit 76.50 fr. la demi-heure. «Cela veut dire que le client profite d’un tarif réduit pour cette prestation», souligne Markus Peter. Si l’UPSA voit aussi dans cette nouvelle offre un moyen pour ses membres de «faciliter une bonne fidélisation du client», il n’est pas certain que les garagistes soient tous enthousiastes à l’idée d’offrir leurs services à un prix bradé.
Sébastien Sautebin
Economies non négligeables
Le CheckEnergieAuto compacte en un temps réduit différentes prestations dans un ratio «prix/économies potentielles» intéressant. Avec une consommation initiale de 9 l/100 km, réduite de 20%, et un coût au litre de 1.85 fr., un conducteur effectuant 15 000 km par an épargne 500 fr. de carburant – 0,6 tonne de CO2 –, alors que le service coûte 49 fr.
Des statistiques réalisées sur 1000 checks montrent que l’économie réelle moyenne est de 16% (400 fr. par an), dont 10% réalisés en atelier et 6% grâce aux conseils de sensibilisation. «En appliquant aussi les règles de conduite EcoDrive (www.ecodrive.ch), le conducteur peut encore réaliser 10% d’économies supplémentaires», estime Markus Peter de l’UPSA. Et, si toutes les voitures subissaient un CheckEnergieAuto en Suisse, cela diminuerait les émissions de CO2 de 2,6 millions de tonnes par an.