Edito: Acteurs de la santé ou apothicaires, il faut choisir!
Sommaire
Bon à Savoir 03-2016
09.03.2016
Dernière mise à jour:
04.10.2022
Zeynep Ersan-Berdoz
L’attitude des pharmaciens est abracadabrantesque et risque de provoquer des dégâts considérables dans le filandreux débat des coûts de la santé (lire également ci-contre). Notre enquête menée auprès de dix officines appartenant à des chaînes est sans appel: un même médicament coûte jusqu’à 25% plus cher selon le lieu de son achat. Pire: lorsque deux versions d’une même préparation existent, c’est la plus onéreuse qui est tendue au client (
L’attitude des pharmaciens est abracadabrantesque et risque de provoquer des dégâts considérables dans le filandreux débat des coûts de la santé (lire également ci-contre). Notre enquête menée auprès de dix officines appartenant à des chaînes est sans appel: un même médicament coûte jusqu’à 25% plus cher selon le lieu de son achat. Pire: lorsque deux versions d’une même préparation existent, c’est la plus onéreuse qui est tendue au client (lire en pages 6 à 9)!
Si la part des médicaments aux coûts de la santé continue de diminuer (9,1% selon l'édition 2016 «Santé publique en Suisse» d’Interpharma), c’est uniquement grâce aux contrôles réguliers du prix des remèdes figurant dans la «Liste des spécialités» (LS), ceux pris en charge par les caisses maladie. Or, afin d’échapper à cette douloureuse régulation, l’industrie pharmaceutique a trouvé la parade pour les médicaments délivrés sans ordonnance: proposer deux versions strictement identiques, l’une inscrite sur la LS, dont le prix est régulé, l’autre non remboursée et vendue plus cher. Il fallait y penser!
Pour limiter la charge excessive des primes de l’assurance maladie, de nombreux assurés choisissent des franchises supérieures à 300 fr. Ce faisant, ils prennent le risque de payer de leur poche certains frais, dont les médicaments… Toujours dans l’idée d’économiser, ils privilégient l’automédication basée sur les conseils de leur pharmacien. Or, nos exemples démontrent que, en échappant aux griffes des assureurs, ils tombent dans celles de certains pharmaciens qui usent de la marge de manœuvre qui leur est laissée par l’industrie et par les autorités dans le secteur des remèdes non remboursés.
A l’heure de l’indispensable et légitime repositionnement du rôle du pharmacien sur la scène de la santé (lire en page 37), il est regrettable que certains d’entre eux perpétuent, auprès du public, l’image ancestrale des comptes d’apothicaire…
Zeynep Ersan Berdoz