La guerre des prix dans la grande distribution était attendue avant même l’entrée en scène des hard-discounters. Aldi a, le premier, foulé le sol helvétique, éveillant immédiatement la crainte tant chez les producteurs qu’auprès des syndicats. C’était il y a dix ans…
Depuis, la situation s’est apaisée. L’enseigne allemande à bas prix tout comme sa concurrente Lidl se sont adaptées au marché suisse, intégrant notamment des produits locaux dans leurs gammes respectives.
Comme le démontrent nos tests, leurs articles s’en sortent souvent bien, voire mieux que les marques propres de Coop ou de Migros. Et leurs prix sont systématiquement plus avantageux. Certes, les deux géants orange ont adapté les leurs, mais elles n’ont jamais été valablement concurrencées par ces outsiders. Et pour cause…
La baisse des prix s’est faite sur un assortiment forcément restreint, correspondant à l’éventail des produits proposés par Aldi et Lidl. Par ailleurs, comme le révèle notre enquête en pages 18-19, Coop et Migros se sont livrées – et n’ont pas fini… – une bataille acharnée pour augmenter encore leurs parts de marché. En absorbant des enseignes, en diversifiant leurs secteurs d’activités, elles ont, année après année, consolidé leur place de leaders sur le marché helvétique.
Le duopole orange concentre ainsi 80,2% du commerce de détail en Suisse contre, respectivement, 5,6% et 2,5% pour Aldi et Lidl. Ces chiffres expliquent à eux seuls pourquoi la guerre des supermarchés n’a pas eu lieu et pourquoi la Suisse reste un îlot de cherté.
«Et le tourisme d’achat?» direz-vous. L’argument, brandi avec force par les distributeurs, peut être entendu dans les zones frontalières. Mais, au-delà, il reste une démarche ponctuelle, sans véritable impact sur les habitudes d’achat des consommateurs, et donc sur les prix…
Zeynep Ersan Berdoz