Si je vous dis hypnose, vous me répondez? Messmer, souvent. Il faut dire que l’artiste québécois pratique son art sur scène depuis bientôt 30 ans. «Sommeil artificiel» et «manipulation» arrivent juste derrière, avant d’évoquer une méthode pour arrêter de fumer.
Si l’hypnose est plus ou moins enrobée de cette suspicion folklorique et parfois scélérate, c’est sans doute parce qu’elle est associée depuis des décennies au spectacle ou aux suggestions autoritaires («Dormez, je le veux!»), et qu’il ne s’agit pas d’une science exacte, mais d’une expérience relationnelle plutôt complexe. Sans doute aussi parce qu’elle a traversé des époques chaotiques, du fluide universel à l’origine de «crises magnétiques» de Mesmer (avec un seul «s» pour le médecin allemand du XVIIIe) au neurologue français Charcot ou au psychiatre et psychologue américain Milton Erickson, créateur de la variante plus souple portant son nom.
On sait donc l’hypnose filialement liée depuis longtemps à la psychologie, mais son épanouissement dans les couloirs et les salles d’opération des hôpitaux reste encore bien silencieux. Un constat d’autant plus curieux qu’en se penchant sur la question un peu plus attentivement, on s’aperçoit qu’une petite révolution est en cours.
Partout en Suisse romande, nous avons trouvé dans les centres hospitaliers des programmes et des pratiques s’appuyant sur l’hypnose. Pour envisager de nouvelles bases de communication entre soignants et patients par exemple, dans l’esprit d’un retour de la bienveillance au cœur de la relation.
Mais aussi au sein même des salles d’opération: aux HUG notamment, où l’ablation complète ou partielle de la thyroïde se déroule sous anesthésie locale associée à l’hypnose, plutôt que sous narcose totale. Outre le fait d’éviter un réveil désagréable aux patients, les bénéfices évoqués sont nombreux (lire: "Une nouvelle approche des soins").
L’Hôpital du Valais inscrit cette démarche dans l’approche globale des soins, le CHUV élève l’hypnose médicale au rang d’art relationnel, l’Hôpital neuchâtelois la pratique couramment à la maternité depuis quatre ans.
Discrète, l’hypnose fait pourtant flotter un esprit nouveau sur les hôpitaux.