Nous découvrirons dans quelques jours à quelle sauce les assureurs maladie nous mangeront en 2019. Le menu risque une fois encore d’être amer pour les assurés, quand bien même la hausse des primes aurait toutes les raisons d’être modérée (lire page 7).
Ce qui est moins clair, c’est ce que nous trouverons dans nos assiettes dans les années à venir. Le 23 septembre, nous nous prononcerons sur deux initiatives touchant directement aux denrées alimentaires et visant à améliorer la qualité de nos aliments.
Si le Conseil fédéral recommande leur rejet, les textes recueillent à ce jour une forte adhésion du public. On sait les sondages fragiles et certainement éloignés du résultat final, mais ce qui apparaît clairement, c’est une rupture de confiance entre le consommateur et l’industrie agroalimentaire. Cette méfiance à l’égard des produits qui tombent dans nos assiettes est grande, et justifiée. En feuilletant ces pages et nos archives, on réalise à quel point le chemin est encore long pour garantir la qualité de ce que nous mangeons.
Dans ce numéro nous avons testé 40 légumes et découvert des substances problématiques – pesticides, fongicides, insecticides – dans 33 d’entre eux! Et pas uniquement dans les produits étrangers (lire page 24). Dans les chips de légumes, nous avons trouvé de l’acrylamide et des nitrates (lire page 14).
Ces six derniers mois, Bon à Savoir vous a rapporté la présence d’additifs phosphatés dans la viande de kebab, les pulvérisations douteuses de 84 pesticides sur les vignes et vergers suisses, des résidus d’hydrocabures dans les tomates séchées… et la liste est encore longue. Largement assez pour justifier un ras le bol.
Personne n’est réellement en mesure de dire aujourd’hui ce qui changerait si ces initiatives étaient acceptées. Les textes présentés laissent une grande marge de manœuvre aux lois d’application. Ce que tout le monde sait en revanche, c’est que le besoin des consommateurs à être protégés et informés de manière transparente est plus fort que jamais.
Que ce soit dans nos assiettes ou sur le front de l’assurance maladie, nous devons continuer à nous battre et rester vigilants. Comme mes prédécesseurs, Zeynep Ersan Berdoz et Christian Chevrolet, je continuerai à le faire avec toute la rédaction de Bon à Savoir et avec votre aide, vous qui nous suivez et soutenez ce journal dans ses actions depuis plus de vingt ans.
Pierre-Yves Muller