Les Mayas ne sont pas les seuls à adorer le dieu Soleil, véritable antidote au blues hivernal. Mais, davantage encore qu’en été, il faut se méfier de ses rayons à la saison froide. A la montagne, le rayonnement augmente de 15% à 20% par palier de 1000 m et il est encore aggravé quand il est réverbéré par la neige. Outre les lunettes fumées, une bonne couche de crème solaire s’impose, y compris par temps couvert.
L’industrie cosmétique propose des produits adaptés aux conditions hivernales. En raison du froid, ils sont plus gras et leur indice de protection (IP) va généralement de 25 à plus de 50. Pour notre test, nous en avons acheté huit parmi les plus vendus, afin de les faire analyser en laboratoire. Six d’entre eux combinent une crème et un bâton pour les lèvres. Leur prix oscille entre 3.28 fr. et 6.82 fr. les 10 ml, soit en moyenne cinq fois plus que les écrans solaires classiques pour un niveau de protection équivalent.
Pour ce test, le laboratoire s’est intéressé à l’efficacité des produits: filtrent-ils suffisamment les UVA et les UVB? En effet, les deux types de rayons ultraviolets sont responsables des coups de soleil, du vieillissement de la peau et sont susceptibles de provoquer des cancers de la peau (lire encadré).
Meilleur écran anti-UVA
Bonne nouvelle: tous les articles testés offrent une protection adéquate contre les rayons UVA, et obtiennent donc l’appréciation «bon» sur ce critère. C’est une évolution réjouissante par rapport à notre précédent test, réalisé au début de 2009, dans lequel trois produits sur six ne répondaient pas au standard européen (lire «Passer l’hiver à l’abri des UV», BàS 2/2009).
L’ensemble de notre échantillonnage est également jugé «bon» concernant la protection contre les UVB, à l’exception de l’Arosana. Son tube indique un coefficient IP de 25, alors que, selon les mesures en laboratoire, il est de moitié moindre. Lors de notre précédent test, l’Arosana avait déjà montré des faiblesses en ne protégeant pas autant contre les UVA, comme elle le prétendait.
Produit périssable
En réaction, la société allemande Burnus indique que sa crème solaire Arosana a été fabriquée en hiver 2009–2010. Elle soupçonne que des mauvaises conditions de stockage sont à l’origine du défaut que nous avons constaté. Ce produit n’est d’ailleurs plus fabriqué, même si les stocks continuent d’être écoulés. Hélas, pour le consommateur, il lui est impossible de connaître la date de fabrication…
A l’inverse, la crème Daylong, de l’entreprise pharmaceutique Spirig, est beaucoup trop pessimiste sur son coefficient de protection! Étonnamment, l’emballage indique un IP de 30, alors que le laboratoire a mesuré une valeur beaucoup plus élevée, de sorte qu’il pourrait être étiqueté «50+». Cette «fausse modestie» l’a toutefois pénalisée dans le classement. En effet, pour les personnes sensibles, une trop grande quantité de substances filtrantes risque, à terme, d’irriter la peau. De surcroît, un indice très élevé n’apporte pas un avantage déterminant. En pratique, un IP 30 est souvent suffisant.
Spirig s’est étonnée que son produit Daylong ait été relégué en avant-dernière position. Elle admet que sa crème offre une protection supérieure à celle indiquée sur l’emballage, en soulignant que cela reste conforme à la loi. Mais elle estime qu’il s’agit d’une marge de sécurité qui tient compte du comportement des utilisateurs qui, trop souvent, appliquent une couche trop mince et ne renouvellent pas régulièrement l’opération.
Gertrud Rall / phc
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le laboratoire de l’Institut Dr. Schrader, à Holzminden (D), spécialisé dans les examens de la peau, a testé l’efficacité des huit produits, selon deux critères principaux.
1 Rayonnement UVB: l’indice de protection solaire indiqué sur le produit (IP ou FPS) se réfère au filtrage des rayons UVB, responsables des coups de soleil lesquels peuvent, à la longue, déclencher un cancer de la peau. Un indice (ou coefficient) de 30, par exemple, signifie qu’on peut s’exposer, en moyenne, 30 fois plus longtemps que sans protection solaire. Conformément à la méthode internationale d’essai SPF 2006, le laboratoire a enduit les huit crèmes sur le dos de dix testeurs. Après différents temps d’exposition, elle a mesuré les rougeurs cutanées.
2 Rayonnement UVA: les UVA pénètrent dans la peau plus profondément que les UVB. Ils accélèrent son vieillissement et peuvent aussi être à l’origine d’un cancer. Selon les recommandations européennes, la protection contre les UVA doit être au moins égale au tiers de l’indice indiqué. Pour cette mesure, le laboratoire a utilisé la méthode Colipa. Qui consiste à appliquer la crème sur une plaque de plexiglas transparent et de vérifier, par spectrophotométrie, la proportion des rayonnements filtrée.
CONSEILS PRATIQUES
Se protéger contre le soleil, l’hiver
> S’enduire généreusement le visage avec une crème solaire grasse d’un indice de protection (IP) minimal de 20 sur le nez, les pommettes et les lèvres. Renouveler régulièrement l’opération, d’autant plus si on transpire.
> Porter une cagoule lors de températures extrêmes et en cas de vents glacés.
> Comme en été, éviter le soleil de midi.
> Une crème solaire pour l’été peut très bien être utilisée sur les pistes de ski si elle a été ouverte il y a moins de 12 mois et si elle n’a pas changé de couleur, d’odeur ou de texture. Les crèmes grasses, conçues pour les sports d’hiver ont toutefois l’avantage de protéger contre le froid.