Le mois dernier, les obligations de la Belgique, de la Hongrie et du Portugal ont vu leur note de solvabilité abaissée. A la fin de ce même mois, le taux des obligations italiennes, troisième marché obligataire mondial derrière les Etats-Unis et l’Allemagne, a, lui, bondi à 7,56%, contre 6,06% un mois plus tôt, preuve que les investisseurs craignent de ne pas être remboursés à l’échéance. Sans parler du bide de l’adjudication des obligations allemandes à 10 ans, pays pourtant considéré comme le dernier bastion de la stabilité européenne: plus de 30% d’entre elles n’ont pas trouvé preneur et ont été achetées par la Banque centrale allemande.
Les mauvaises nouvelles se succèdent à un rythme effréné: dès lors, peut-on encore se fier aux obligations européennes les yeux fermés? Rien n’est moins sûr! «Le marché obligataire est extrêmement volatil en ce moment et devrait encore le rester ces prochains mois, indique Sylvie Golay, responsable de la stratégie obligataire à Credit Suisse. L’Italie, l’Espagne et le Portugal sont désormais considérés comme des actifs à risque. Et la Grèce entre, elle, dans la catégorie des placements ultraspéculatifs.»
D’où les rendements inégalés des emprunts de ces pays (voir tableau). Attention toutefois à ne pas céder au chant des sirènes. Car, à l’instar des actions, plus le rendement d’une obligation est élevé, plus elle est risquée! En effet, lorsqu’un Etat est jugé moins solvable (il est possible qu’il ne rembourse pas sa dette à l’échéance fixée) et qu’il souhaite emprunter de l’argent, il doit alors proposer une rémunération plus attrayante. Une perte n’est, par conséquent, pas à exclure pour l’investisseur!
Le prix de la sécurité
Pas de miracle donc: miser sur la sécurité rapporte des clopinettes. Le taux des obligations de la Confédération à 10 ans, valeur refuge par excellence en temps de crise, n’atteint par exemple que péniblement 0,81%. Mais son risque d’insolvabilité est quasiment nul.
«Les obligations américaines sont également assez sûres, tout comme les emprunts danois, suédois ou britanniques, estime Sylvie Golay. Attention toutefois au risque de change.» (Lire encadré.)
Pour gagner plus, on peut se replier sur les obligations d’entreprises: leur rémunération annuelle est en général plus élevée. Avant de se lancer, on se renseignera sur la qualité de la firme. Pour cela, on peut se référer aux évaluations des sociétés de rating (Standard & Poor’s et Moody’s). L’horizon de placement sera fixé à 5 ans au minimum.
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Principaux risques
- Risque de taux d’intérêt: les obligations sont directement influencées par les taux d’intérêt. Si ces derniers montent, les obligations qui y sont liées perdent de leur valeur, et vice versa.
- Risque de change: si l’emprunt est libellé en dollars, par exemple, et qu’il se déprécie par rapport au franc suisse, la perte financière enregistrée sera à la hauteur de la dévalorisation de la monnaie.
- Risque de crédit: l’emprunteur ne rembourse pas sa créance – tout ou en partie.