Entre le skimming, cette technique visant à copier frauduleusement la bande magnétique d’une carte au bancomat, et le vol de données bancaires sur internet, les clients peuvent se faire du souci. Heureusement, les établissements ont des systèmes de détection automatiques permettant de bloquer une transaction qu’elles estiment douteuse. C’est, en tout cas, ce que promettent toutes les banques cantonales romandes et nationales interrogées par Tout Compte Fait.
La surveillance des cartes de débit Maestro proposées par les différentes institutions est généralement supervisée par l’entreprise SIX, basée à Zurich. Plusieurs scénarios permettent de détecter une opération suspecte. Les banques, par souci de sécurité, ne livrent que le plus classique: lorsque deux achats s’effectuent dans un court laps de temps dans deux endroits très éloignés. «S’il y a un premier achat à Lausanne à 10 heures et un second à 10 heures 15 à New York, l’autorisation pour ce second achat est suspendue», détaille, par exemple, la Banque Cantonale Vaudoise.
Pas trop de zèle des systèmes
PostFinance, l’autre émetteur de cartes de débit en Suisse, n’est guère plus bavard. «Selon les transactions habituelles et régulières du client, certaines transactions ordinaires peuvent être rejetées et la carte partiellement bloquée, relate le géant jaune. En cas de suspicion d’abus, PostFinance contacte le client pour discuter de la situation et trouver des solutions.»
Raiffeisen propose des cartes de débit direct Maestro, mais aussi, et c’est une première en Suisse, des V PAY de Visa depuis le 1er janvier. Pour la banque, le système de contrôle en place ne fait pas trop de zèle: «Lorsque nous intervenons pour bloquer une carte, rares sont les cas où les transactions ont réellement été effectuées par le client, déclare-t-elle. Dans ces cas tout à fait exceptionnels, la carte est alors débloquée.»
Le géoblocage contre le skimming
Un autre système permet de sécuriser l’utilisation des cartes de débit, notamment contre le skimming. Par le géoblocage. La carte est, par exemple, valable uniquement sur le territoire suisse. Toute tentative de retrait à l’étranger est immédiatement stoppée. Le client peut toutefois débloquer la carte pour une durée et un pays déterminés, lors de vacances ou de voyages d’affaires. Les Maestro proposées par les banques cantonales sont généralement géobloquées dans les pays hors de la zone Europe.
Système de contrôle mis à jour quotidiennement
La surveillance des cartes de crédit est, pour sa part, réalisée par les émetteurs eux-mêmes. Difficile de savoir comment fonctionnent concrètement leurs systèmes de détection, toujours pour des raisons de sécurité.
Viseca donne toutefois quelques détails. Pour identifier et prévenir les cas d’utilisation abusive, il emploie deux systèmes différents.
Le premier se réfère à différentes règles et conditions qui sont définies et ajustées quotidiennement. «Si un paramètre de risque est rempli lors d’une transaction avec la carte de crédit, elle est refusée et/ou le fait est clarifié avec le client, explique l’institution. Le règlement se base sur les découvertes d’analyses journalières de cas effectifs d’utilisation abusive. Il englobe donc toujours les modèles de fraude actuels.»
Le deuxième fonctionne automatiquement à l'arrière-plan: «Les transactions inhabituelles et divergentes du comportement habituel du client sont identifiées et clarifiées avec le titulaire de la carte.»
Enfin, les opérations par cartes de crédit jugées douteuses sont, la plupart du temps, bloquées temporairement «sans que le client s’en aperçoive», affirme Credit Suisse. Si cela semble nécessaire, «il est contacté par courrier, par téléphone ou par sms. En général, il n’est pas tenu pour responsable, pour autant qu’il ait rempli ses obligations de diligence.»
Loïc Delacour