Robert Mermoud a marqué toute une génération de choristes ayant chanté sous sa direction. Je me souviens comme si c’était hier – alors que cela s’est passé il y a plus de 40 ans! – de sa réplique le jour où, déçu en écoutant l’enregistrement d’un oratorio, je faisais remarquer qu’on n’entendait pas les basses: «Cessez de chanter et on vous entendra», avait-il simplement répondu. Autrement dit: vous n’avez certes par un rôle dominant, mais il reste indispensable à l’équilibre de l’œuvre.
Cet échange m’est revenu à l’esprit juste avant d’entrer à la retraite, vingt ans après avoir participé aux débuts, puis suivi Bon à Savoir. Deux décennies et quelques milliers de pages consacrées à la défense des consommateurs pour un bilan, finalement, assez mitigé. Car qu’est ce qui a changé (en bien, s’entend) depuis 1997? Certainement pas le prix des assurances maladie, qui n’a cessé d’augmenter au point d’en devenir indécent. Ni la force des lobbys qui parviennent systématiquement à brider les rares élans consuméristes de nos élus. Ni encore la puissance des industries, qu’elles soient agroalimentaires ou pharmaceutiques, prêtes à n’importe quoi pour augmenter leurs profits. Non, à bien y regarder, il n’existe rien, ou presque, qui permette de se dire que le combat n’a pas été vain.
Or, Robert Mermoud avait raison: il ne faut pas se focaliser sur une impression de vide, mais imaginer comment les choses auraient évolué sans cette pression constante que notre magazine a mis en relatant et en dénonçant les vicissitudes auxquelles sont confrontés les consommateurs. Car, n’en doutez pas, sans garde-fou, la situation serait pire encore. Voilà pourquoi il faut continuer de se battre, même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur des attentes. Voilà pourquoi la rédaction va poursuivre son travail de pèlerin, en se basant sur vos témoignages et en comptant sur votre participation.
Je suis fier et heureux d’avoir parcouru une partie de ce chemin avec vous. Je souhaite de tout cœur qu’il soit encore long et semé de petites victoires, à défaut de grands changements. Bonne route et merci de votre fidélité.
Christian Chevrolet