La mise de fond
D’entrée de jeu, beaucoup de magasins associent leur future clientèle au lancement de leur projet. C’est grâce à un financement participatif qu’une première mise de fonds est levée. La Brouette, à Lausanne, a récolté, en deux semaines, les 40 000 fr. de base. Atout Vrac, à Fribourg, a glané 25 520 fr. sur les 20 000 escomptés grâce à l’apport de 299 contributeurs. Ces deux structures se constituent ensuite en coopératives avec des parts sociales entre 300 fr. et 500 fr. ou la possibilité d’être membres sympathisants pour 50 fr.
Il y a certes des postes fixes, mais La Brouette comme Atout Vrac s’appuient aussi sur le bénévolat de personnes partageant leurs idéaux. A Bulle, Au P’tit Tout, Virgine Pasquier, la patronne, a mis 25 000 fr. de sa poche (dont 12 000 fr. pour le stock) avant de se lancer, en septembre 2016. Chez Mamie, à Sion, se présente sous la forme d’une Sàrl au capital social de 20 000 fr. Mais c’est aussi une structure qui vend sa marque sous la forme d’une franchise (lire plus loin).
La localisation
Ces épiceries évitent les centres des villes pour préférer les zones aux loyers plus doux. On les retrouve, la plupart du temps, dans des quartiers décentrés avec un prix de location qui varie entre 800 fr. et 1800 fr. par mois, selon les magasins.
Hormis Chez Mamie à Sion, tous sont desservis par des lignes de transports publics. Ou alors ils se situent non loin de parkings communaux, comme c’est le cas à Bulle. A Fribourg, pour Atout Vrac, garer sa voiture aux alentours de l’Hôtel de Ville relève du pur défi. Mais les locaux – mis à disposition par un retraité amoureux du projet – valent cette patience. Au vu de ces localisations parfois périphériques, un contrôle téléphonique des heures d’ouverture s’impose. Entre la version internet et le panneau affiché à l’entrée du magasin, le risque de la porte close existe!
L’aménagement
Très épuré, tout passe par le recyclage ou par des copains menuisiers. Meubles de seconde main ou en droite ligne d’Emmaüs, caisses à pommes, palettes CFF, personne ne mise sur un look tape-à-l’œil par cohérence avec l’option zéro déchet. La Brouette revendique des étagères faites sur mesure «avec du bois suisse» ainsi que la récupération d’un plancher et d’un parquet de 1912. Il convient de penser au mieux l’emplacement des produits. Eviter, par exemple, de mettre une jarre d’huile au-dessus d’un bac à graines…
Les fournisseurs
Tant que faire se peut, il s’agit de dénicher des fournisseurs locaux, encore et toujours par respect envers les valeurs prônées. Que ce soit à Lausanne, à Fribourg ou à Bulle, la provenance est essentiellement du cru et chacun essaie de se passer au maximum des grossistes, tout en proposant quelques spécificités. La Brouette ajoute quelques bonus avec des bières ou des vins triés sur le volet. Sans compter un site qui détaille l’origine de tous ses articles. Atout Vrac met l’accent particulier sur des produits de nettoyage bio. Il existe des différences entre les franchises Chez Mamie. Celui de Lausanne propose une sélection de pâtes faites en Suisse. Il offre un choix de chocolat artisanal et bio. Cette singularité semble nettement moins poussée à Sion, lors de notre visite du 15 décembre 2016. D’un canton à l’autre, les variations de prix sont infimes. Un kilo de farine bio et suisse oscille, par exemple, entre 4.20 fr. (Au P’tit Tout) et 4.50 fr. (La Brouette). Prix comparables, voire parfois plus bas que dans les grandes surfaces grâce à l’absence d’intermédiaire. Les enseignes estiment que leur marge est, en moyenne de 40% sur les articles vendus.
Les contenants
Tous les magasins examinés accueillent à bras ouverts vos propres contenants (tupperware, bocal, bouteille, sac, etc.). Avant de les remplir, ils sont logiquement pesés par la personne à la caisse. Si vous n’êtes pas équipés, on vous vend des sacs en coton (entre 1.20 fr. et 5 fr. la pièce) ou des bocaux dont les prix changent en fonction de la taille. Vous achetez une confiture maison? Le pot est consigné. Quinte & Sens à Vevey – qui n’est pas spécialisée dans le vrac – vous permet d’utiliser des Eco Pack en carton recyclable.
La franchise
Sur son site et sur sa raison sociale, Chez Mamie annonce une franchise avec des avantages, comme une «ouverture rapide», des «réseaux de producteurs», voire une «crédibilité bancaire». Après Sion, Chez Mamie est désormais au Châble (VS), à Lausanne et à Zurich. Olivier Richard, son fondateur, n’a pas souhaité nous communiquer de chiffres sur son système de franchise. Mais, selon nos informations, Chez Mamie exigerait un droit d’entrée avoisinant 20 000 fr. à ses franchisés et percevrait une commission de 2% sur le chiffre d’affaires annuel hors taxes.
Joël Cerutti
Conseils aux clients
Revenir aux bonnes vieilles bases
Acheter dans une épicerie en vrac implique une responsabilisation de l’acheteur. De quoi réactiver des réflexes souvent oubliés.
⇨ Savoir de façon très précise le poids de la marchandise voulue. Ce qui implique une liste de courses très détaillée.
⇨ Faire la différence entre du solide et du liquide, entre le gramme et le centilitre. Certains vendeurs se retrouvent face à des client(e)s qui l’ignorent!
⇨ Prendre un récipient qui correspond à ce dont vous avez besoin. Un bocal est moins adapté qu’une petite bouteille pour de l’huile.
⇨ Indiquer d’une façon ou d’une autre (languettes, marqueurs) ce qui se trouve dans vos divers pots et autres sacs. Ne pas compter que sur votre mémoire.
⇨ Bien nettoyer, d’un usage à l’autre, les contenants. Pour rester dans l’esprit écolo, ajouter du gros sel avec du vinaigre blanc – ou du bicarbonate de soude – dans de l’eau chaude.
⇨ Ne pas vouloir se servir soi-même, du moins au début. Demander aux vendeuses et aux vendeurs, c’est avoir l’assurance de ne pas en mettre partout.
⇨ Garder la motivation en visitant régulièrement le blog de la papesse du zéro déchet, Bea Johnson: zerowastehome.com