Protéger ses proches contre le risque d’un décès prématuré, tout en épargnant de l’argent et en bénéficiant des abattements fiscaux du 3e pilier: cette combinaison d’objectifs, séduisante sur le papier, a donné leur nom aux assurances vie «mixtes». Elles permettent de libérer un capital en cas de mort, tout comme les assurances décès, mais aussi de récupérer l’argent placé, additionné de son rendement, au terme du contrat.
Problème: depuis plusieurs années déjà, de nombreux assurés s’aperçoivent, à la fin du contrat, que non seulement leur capital n’a pas fructifié, mais a même fondu! Cette désillusion s’explique par la structure des assurances vie mixtes: seule une partie de l’argent investi est véritablement consacré à l’épargne. Le reste sert à financer le risque de décès en cours de contrat, de libération du paiement des primes en cas d’accident ou de maladie, ainsi que les frais administratifs. Par le passé, lorsque les taux d’intérêts étaient encore intéressants, le rendement de la part d’épargne suffisait à couvrir ces frais et à permettre un gain au terme du contrat, même faible. Ce rendement est aujourd’hui insuffisant. Les assureurs doivent alors, année après année, puiser dans le capital. A la fin, l’assuré récupère donc moins d’argent que ce qu’il a investi.
Seul un produit reste intéressant
Lors de notre précédent comparatif, en 2014, seuls quatre assureurs sur douze garantissaient encore à leur client de toucher, à la fin du contrat, un capital égal ou supérieur à son investissement, pour un placement de 20 ans avec paiement de primes annuelles de 6000 fr. La situation était à peine meilleure en cas de versement d’une prime unique au début du contrat, avec un gain dans dix cas sur onze, mais accompagné d’un rendement squelettique compris entre 0,1% et 0,6%. Quant aux excédents potentiels souvent mis en avant par les assureurs – un bonus retourné au client en cas d’affaires florissantes –, ils ont pratiquement disparu, ces dernières années.
Qu’en est-il en 2016? Nous avons de nouveau interrogé les principales compagnies d’assurance, en nous concentrant, cette fois, sur les produits à prime unique. Surprise: seuls trois d’entre elles proposent encore une couverture traditionnelle, c’est-à-dire non liée à des fonds de placement (voir tableau)! Les autres y ont purement et simplement renoncé, ou ont remplacé cette offre par des polices hybrides (lire plus loin). PAX et Vaudoise ont, de leur côté, refusé de nous transmettre les chiffres demandés. La première estime que la nouvelle baisse du taux technique, le 1er janvier prochain, rend ces produits peu comparables entre eux. La seconde signale que la situation sur les marchés leur a fait «perdre de leur intérêt» et qu’ils ne sont «plus considérés comme stratégiques».
Duo prime unique de Retraites Populaires sort du lot: c’est le seul produit survivant qui, tout en couvrant le risque de décès, permet à l’assuré de récupérer plus que sa mise de départ à la fin du contrat. Le gain demeure toutefois modeste – 4914 fr. pour un capital de 100 000 fr. immobilisé pendant 10 ans – mais pourrait convenir à qui cherche un placement absolument sûr.
40 000 fr. perdus
Pour obtenir un rendement supérieur, il faut se tourner vers les assurances vie mixtes liées à des fonds de placement. En cas de décès du preneur d’assurance pendant le contrat, celles-ci versent aux bénéficiaires une somme plus intéressante que les produits traditionnels (voir tableau , colonne 3). En revanche, le capital obtenu à la fin de celui-ci est directement lié aux performances du ou des fonds de placement liés, sans montant minimal garanti.
Une augmentation de 5% du fonds lié pendant la durée du contrat permet de réaliser une très bonne affaire, en récupérant entre 144 400 et 152 722 fr. au bout de 10 ans. Zurich propose le meilleur rendement (4,33%), mais ne garantit que 107 439 fr. en cas de décès, contre 120 000 fr. pour Helvetia et Raiffeisen. Le risque est néanmoins considérable, car le bilan boursier peut très bien s’avérer négatif sur de longs intervalles de temps. L’un de nos lecteurs en a d’ailleurs déjà fait les frais (lire «Le fiasco d’une assurance vie liée à des fonds» sur bonasavoir.ch): en concluant un contrat de 10 ans à la fin de 1999, il a perdu près de 40 000 fr. sur sa prime de 100000 fr.!
Eviter la catastrophe
Pour éviter de telles déconvenues, plusieurs assureurs, notamment Allianz, Axa Winterthour et Generali, proposent depuis peu des produits hybrides. Une partie seulement de l’argent – le client peut parfois choisir quel pourcentage – est placée en Bourse, ce qui permet de bénéficier tout de même d’un capital garanti à la fin du contrat. Certes moindre (en général 80% à 90% de la somme investie), il permet néanmoins d’éviter la catastrophe lorsque le mauvais temps se prolonge sur les marchés.
N’en déplaise aux assureurs, les spécialistes s’accordent sur un point: peu de formes d’assurances vie mixtes sont réellement intéressantes, car la part de la prime consacrée à la couverture du risque et aux frais grève trop le rendement du capital. Il est plus intéressant de séparer ces deux objectifs en concluant une simple assurance décès et en plaçant ailleurs le solde disponible (dans des ETF par exemple), en fonction du risque qu’on est prêt à prendre.
Vincent Cherpillod
Un guide tout neuf
En toute assurance!
C’est évident: la meilleure des assurances ne vous mettra pas à l’abri d’un sinistre! En revanche, elle vous évitera les conséquences financières qui en découlent ou, du moins, permettra de les atténuer, qu’il s’agisse de maladie, d’invalidité ou de décès, de responsabilité civile, du ménage, d’automobile, de voyage, etc.
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Par ailleurs, il vous permet de comparer le montant des primes fixées par les plus importantes compagnies suisses sur la base de profils prédifinis.
NOUVEAU: ces tableaux ne figurent pas dans le livre, mais sont disponibles sur notre site
bonasavoir.ch, de façon à être actualisés chaque année à des dates d’anniversaires mentionnées dans toutes les comparaisons. A cette fin, le possesseur du guide dispose d’un code d’une validité de deux ans, qu’il pourra ensuite prolonger (5 fr./année supplémentaire).
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