On les brocardait en les surnommant les «chaudières à mazout», elles qui ne représentaient que 2,7% du parc automobile suisse en 1990. L’an dernier, la part des véhicules diesels en circulation a atteint 22%. Et tout indique que ce chiffre va augmenter encore, puisque 37,1% des voitures neuves immatriculées en 2012 étaient équipées d’un moteur diesel. Pourtant, ce choix ne se justifie pas souvent. Voici les principaux paramètres à prendre en compte.
Kilométrage
Les motorisations au diesel sont économiquement faites pour les gros rouleurs. A puissance équivalente, elles consomment moins, mais elles sont plus chères à l’achat. Il faut donc aligner les kilomètres avant de rentabiliser la différence de prix. Démonstration avec l’un des breaks les plus vendus en Suisse, la Skoda Octavia Combi: en optant pour la version diesel (1.6 TDI de 105 ch) plutôt que sa cousine à essence (1.2 TSi de 105 ch), le propriétaire devra parcourir 239 726 kilomètres pour que le gain de consommation (4 l/100 km contre 5 l/100 km) compense le surcoût de 3500 fr.
Utilisation
Si vous roulez beaucoup en ville ou ne couvrez essentiellement que de courtes distances (moins de 15 km), oubliez le mazout! Si aucun moteur n’apprécie ce genre de conditions, c’est encore plus vrai pour les diesels. Plus longs à chauffer que leurs cousins à essence, ils sont sensibles aux problèmes de combustion lorsque leur température de fonctionnement n’est pas optimale. Le risque, c’est un encrassement rapide de différents organes comme le filtre à particules, la vanne EGR ou le turbo. De quoi entraîner de coûteuses factures en cascade.
Entretien
Les frais d’entretien sont plus élevés sur les véhicules diesels. Primo, les révisions sont généralement plus fréquentes et plus coûteuses (huile de meilleure qualité, filtres, etc.). Secundo, les pneus et autres consommables (freins, embrayage, etc.) subissent davantage de contraintes en raison du poids supérieur et du puissant couple (force) des modèles diesels. Ainsi, certaines pièces sont plus généreusement dimensionnées – et donc plus chères –, alors que d’autres s’usent tout simplement plus vite. Dans une étude publiée en juin dernier, l’Automobile Club Association française s’est prêté au jeu du comparatif avec la Renault Clio. Bilan des courses: la version diesel 1.5 dCi (88 ch) se révèle 21% plus chère à l’entretien que la 1.2 TCe à essence (103 ch).
Fiabilité
Autrefois, les motorisations diesels étaient réputées pour leur incroyable robustesse. Mais les modèles actuels n’ont plus rien à voir avec les tacots poussifs et increvables des années 1980. L’évolution technologique (turbo, injections à rampe commune, etc.) a certes profité à l’agrément et au rendement des blocs à mazout, mais leur fiabilité et leur longévité en ont pâti au point que les moteurs à essence n’ont plus rien à leur envier. Et le hic, c’est que les pannes d’un diesel peuvent coûter particulièrement cher lorsque des éléments comme la pompe d’injection, la vanne EGR ou le turbo rendent l’âme.
Type de véhicule
Plus une voiture est lourde, plus le choix du diesel se justifie. C’est que l’économie de carburant a tendance à se creuser avec le poids. La règle n’est pas absolue, mais prévaut dans de nombreux cas. Prenons la petite Fiat 500: en diesel (1.3, 95 ch), elle consomme 3,7 l/100 km, alors que, avec essence (0.9 l turbo, 85 ch), elle brûle 4 l/100 km. Théoriquement, il faudrait donc parcourir 756 000 km pour que les 1800 fr. de surcoût du diesel soit rentabilisé par sa sobriété! En revanche, pour un SUV comme le Nissan Qashqai, c'est une autre chanson: le diesel 1.5 dCi (110 ch) est certes 4300 fr. plus cher que la version à essence 1.6 l (117 ch), mais sa frugalité (5,8 l/100 km contre 7,9 l/100 km) le rend rentable après 131 000 km déjà.
Agrément
C’est incontestablement l’aspect le plus subjectif. Les moteurs diesels modernes n’ont plus rien à voir avec leurs ancêtres. Tous équipés d’un turbo au moins, ils ont plus de couple (force) que les blocs à essence et autorisent des reprises vigoureuses dès les plus bas régimes. Atout particulièrement appréciable sur des véhicules lourds. Ils restent néanmoins plus bruyants – surtout à froid – et génèrent davantage de vibrations. Les motorisations à essence sont plus onctueuses et ont une plage d’utilisation plus large (montée en régime). Ils demandent aussi à ravitailler plus souvent, mais avec l’odeur du mazout en moins…
Yves-Noël Grin