De nombreux détenteurs de cartes – dont des lecteurs de Bon à Savoir – se sont étonnés, à réception de leur facture mensuelle, du coût des transactions effectuées par carte en France, en Italie ou ailleurs en Europe. Certains ont donc écrit à Eurocard pour protester contre le taux de change appliqué, apparemment plus élevé que les cours publiés dans les médias.
Aucun changement de politique, pourtant, mais la mise en évidence par l’euro d’une pratique qui n’a rien de neuf. Explication du service clients d’Eurocard/Mastercard: «Un cours de change spécifique est appliqué pour la conversion des transactions en monnaies étrangères effectuées par carte de crédit. Ce cours se situe en moyenne 0,5 à 2,5% au-dessus du cours des devises à la vente des banques suisses et est soumis aux fluctuations du cours du jour.»
Donc, si le cours des devises est à 1,48, le taux appliqué pour les transactions par Eurocard/Mastercard sera: 1,48 + 0,037 (1,48 x 2,5%) = 1,517. L’info la plus importante du courrier d’Eurocard figure toutefois dans l’en-tête, qui précise «EC/MC émises par Crédit Suisse».
Opacité
En Suisse, en effet, les cartes de crédit sont émises principalement par quatre banques: Viséca, UBS, Cornèr et Crédit Suisse. Ce sont ces établissements qui fixent les conditions générales des cartes qu’elles émettent. Une Eurocard n’a donc pas le même coût d’utilisation selon qu’elle provient de l’une ou l’autre de ces banques. En l’occurrence, les propriétaires de cartes mécontents possédaient tous une Eurocard émise par le Crédit Suisse.
Certes, pour une comparaison objective, il faut aussi tenir compte des avantages offerts pour fidéliser les clients (points bonus, bons dans des commerces partenaires, etc.). Mais sur le plan de la transparence des coûts, il faut reconnaître que le Crédit Suisse est on ne peut plus opaque: pour un achat à l’étranger payé par carte, le client sait qu’il doit compter sur une augmentation du taux de change de 0,5 à 2,5% – mais de combien exactement? «Ça dépend du profil-risque du produit-carte concerné», ânonnent les conditions générales (CG). On n’en saura pas plus au téléphone: le Card Center du CS avoue «ne pas pouvoir donner plus d’information aux clients». A titre de comparaison, pour les mêmes transactions, Viséca perçoit une taxe de 1,25% du coût total de la transaction pour les cartes vendues par les banques cantonales, 1,5% s’il s’agit de cartes «neutres». Pas de surprise pour les clients.
Blaise Guignard