«Fairtrade est un modèle de commerce alternatif visant à soutenir les petits agriculteurs et les employés travaillant dans les pays en voie de développement afin qu'ils puissent se construire un futur stable», explique le site de Max Haavelar. S'il veut soutenir cet objectif louable, le consommateur est prié de passer à la caisse. Ainsi, les prix des 2000 produits Fairtrade proposés dans les commerces suisses sont généralement plus élevés. Un exemple? Coop vend la plaque de 100 g de chocolat noir crémant Qualité & Prix pour 95 ct. En version Max Haavelar Fairtrade, elle coûte 1.25 fr., soit environ 30% plus cher.
De nombreux consommateurs considèrent que ces surcoûts profitent essentiellement aux petits exploitants. La réalité est bien différente. Souvent, une petite partie seulement de la différence de prix finit dans les poches des paysans africains ou sud-américains. Ainsi, sur les 30 centimes payés en sus par les clients Coop pour la plaque de crémant Fairtrade, les agriculteurs ne reçoivent que 1,3 centime! En effet, selon les chiffres révélés par le magazine alémanique saldo, 0,3 misérables centimes vont aux exploitations de sucre paraguayens et un centime à celles de cacao au Ghana.
Or, cet exemple n'est pas unique! Une étude réalisée sur 5000 plantations de cacao et de café, montre que celles qui vendent en Fairtrade obtiennent un maigre supplément de 9%. Où passe, dès lors, le solde du surcoût payé par les consommateurs? La société suisse Gebana, spécialisée dans les produits durables, a fourni des chiffres pour les bananes Max Havelaar, qui coûtent 1.13 fr. plus cher que celles sans label. Sur ce montant, l'argent payé par le consommateur finira à 71% dans la poche des grands distributeurs, 8% dans celle des intermédiaires et 5% chez Max Havelaar. Les petits exploitants, n'en toucheront que 16% (voir illustration). En résumé, d'après Gebana, les grands distributeurs engrangerent des marges bien plus importantes avec les produits Fairtrade qu'avec leurs propres marques!
Réaction de Fairtrade
Interpellée, l'organisation Fairtrade conteste fermement: «Notre priorité est de soutenir les travailleurs et les petits producteurs et, en aucun cas, nous ne cherchons à berner les consommateurs», rétorque Florie Marion, porte-parole. Elle ajoute que Fairtrade «fixe le prix minimum de vente de matières premières ainsi que la prime de l'organisation dans les pays en voie de développement ou émergents. Les prix finaux et les marges, même pour nos produits, sont dans les mains des distributeurs».
De leur côté, Migros et Coop indiquent que leurs marges Fairtrade seraient similaires à celles des autres produits. Et les prix plus élevés proviendraient des coûts supplémentaires lors de l'achat des matières premières.
Sébastien Sautebin