Comment conjuguer visites chez le pédiatre et obligations professionnelles? Dans les familles suisses, le temps partiel a le vent en poupe, surtout chez les femmes: près de 60% d’entre elles, contre moins de 20% des hommes seulement. Cette solution se paie toutefois au moment de toucher la rente de vieillesse.
Quand on est salarié moins de deux jours par semaine, on n’atteint souvent pas le seuil d’accès au 2e pilier qui est de 21 330 fr. (chiffres 2019). Une pénalisation fatale pour le capital de prévoyance. Les petits revenus doivent faire face à un autre écueil: selon la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP), on ne cotise pas sur l’intégralité du salaire, mais sur la part qui dépasse la déduction de coordination, soit 24 885 fr. Selon une étude de la Conférence suisse des déléguées cantonales à l’égalité, il faut donc travailler entre 40% et 60% au moins pour prétendre à une rente décente.
Retraite amputée de 42%
Une personne qui diminue, à 35 ans, son taux d’activité perd en effet 42% du capital de retraite par rapport à ses collègues à temps plein, même si elle l’augmente par la suite (voir tableau). Et c’est sans compter la rente AVS, qui sera également réduite.
Ce calcul correspond au minimum imposé par la LPP, mais les caisses de pension proposent heureusement des plans de prévoyance plus généreux. «En changeant les règles du jeu, on augmente les cotisations paritaires, et donc la rente de vieillesse», explique Yannick Yersin de VZ Vermögenszentrum. A l’heure actuelle, 80% des institutions proposent une des options suivantes.
⇨ Abaisser ou même supprimer le seuil d’entrée pour permettre aux petits revenus de constituer une épargne de vieillesse.
⇨ Pondérer la déduction de coordination selon le taux d’occupation. Si on travaille à 50%, elle ne sera ainsi que de 12 442 fr. Voire même, la supprimer. Certaines institutions appliquent aussi une déduction de coordination en pourcentage du salaire.
«La question mérite d’être posée lors de l’entretien d’embauche», relève Yannick Yersin. Quant aux salariés en place, ils peuvent tenter de faire valoir leurs droits.
«La LPP prévoit une représentation paritaire (employeur et employés) dans l’organe suprême de la caisse de pension», rappelle Jérôme Piegai, spécialiste du droit de la prévoyance professionnelle à l’Office fédéral des assurances sociales. A ce niveau, les représentants des salariés peuvent demander la mise en place de règlements ou de plans de prévoyance favorisant le temps partiel, si ce n’est pas encore le cas.
De plus, au sein de chaque entreprise, un comité paritaire doit être nommé pour la représenter auprès de l’institution. «Le délégué du personnel peut faire valoir l’intérêt d’opter pour une solution favorable», relève Yannick Yersin. La décision finale est toutefois influencée par l’employeur.
Reste enfin la possibilité de se constituer un 3e pilier ou de racheter une part du capital de prévoyance. Cette option est toutefois moins avantageuse, car elle incombe entièrement au salarié.
Claire Houriet Rime