Combien d’offices de poste restera-t-il en 2020? Selon les premières estimations de Syndicom pour les cantons de Fribourg, du Jura et de Neuchâtel, seuls les chefs-lieux de districts garderont leurs bureaux.
La Poste, qui a annoncé la fermeture de 600 bureaux en octobre 2016, se refuse à commenter ces «spéculations». «C’est après discussion avec tous les cantons que nous présenteront la liste des offices qui ne subiront pas de changements dans l’immédiat», relève la porte-parole de La Poste Nathalie Dérobert-Fellay.
Une nouvelle étape a été franchie à Fribourg avec six licenciements à la poste principale, un bureau dont l’existence n’est pourtant pas menacée. Deux employés travaillaient depuis plus de 25 ans pour le géant jaune. Des mesures dictées, selon la porte-parole, par la baisse de fréquentation. «Le rendement du bureau était inférieur à la moyenne», explique François Ducrest, secrétaire régional de Syndicom, qui dénonce une mise sous pression.
Ordonnance remise en question
Inquiet de cette évolution, le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) réclame un moratoire sur les fermetures et plusieurs élus promettent d’intervenir sous la Coupole. «Il faut modifier l’ordonnance sur La Poste», déclare la conseillère nationale Christine Bulliard-Marbach (PDC/FR). Elle espère changer l’ordonnance qui préconise que 90% de la population suisse atteigne un bureau de poste en 20 minutes. «Cette moyenne ne dit rien de l’accessibilité dans les régions périphériques.» Sa collègue Valérie Piller Carrard (PS/FR) dénonce pour sa part la perte d’emplois qualifiés: «Dans les agences, les compétences du personnel ne sont plus du tout les mêmes.»
Sans compter que la transformation en agences n’est pas la panacée. A Siviriez (FR), la laiterie qui joue le rôle d’agence postale depuis décembre dernier veut mettre fin à son contrat car les clients s’impatientent. Et, dans l’Oberland bernois, la PostCom refuse la fermeture de l’office de Saint-Stéphane. Aucun commerçant du village n’ayant accepté d’accueillir l’agence, La Poste voulait instaurer un service à domicile assuré par le facteur. Or, plusieurs habitations reculées ne reçoivent même plus sa visite… Idem à Crémines (BE), où La Poste devra consulter les autres communes avant de mettre la clé sous le paillasson.
Claire Houriet Rime