Logiquement, il est trop tôt pour manger des haricots frais. A moins d’accepter qu’ils proviennent du Maroc ou du Kenya, comme c’est le cas de la plupart de ceux proposés ces jours dans les rayons des commerces suisses. Le problème, c’est que pour en acheminer un kilo jusqu’à nous, il a fallu pas moins de 4,8 litres de pétrole, alors qu’il en faudra 48 fois mois (0,1 l) lorsque les produits suisses cultivés en pleine terre seront disponibles, entre les mois de juin et d’octobre.
Or, si 87% des consommateurs suisses sont conscients du problème et tentent de favoriser les produits de saison, ils ne sont que 60% à savoir quand les haricots poussent en Suisse en pleine terre, et bien moins encore (28%) quand les tomates du pays sont disponibles sans qu’elle sortent d’une serre chauffée*. C’est non seulement dommage sur le plan écologique, mais aussi financier (une étude de Ecologie Libérale a démontré que – contrairement à ce que l’on croit souvent – les produits indigènes sont moins cher que ceux importés) et gastronomique, les produits saisonniers ayant meilleur goût.
Sur le plan écologique toutefois, tout n’est pas si simple. Une étude de Quantis l’a démontré: les fraises suisses qu’on trouve à la mi-mai émettent, en fait, 35 fois plus de CO2 que celles provenant d’Espagne, parce qu’elles poussent sous des serres chauffées! En revanche, si on attend quelques semaines celles cultivées naturellement, le bilan en CO2 est divisé par 70 et devient donc deux fois plus favorable que celui des fraises importées. Mais, à l’inverse, les fraises suisses n’ont besoin «que» de 20 litres d’eau par kilo, contre 80 pour leurs concurrentes espagnoles…
«C’est vrai, comment Pierrette Rey, porte-parole du WWF: il devient de plus en plus compliqué d’obtenir un véritable éco-bilan. Et il ne suffit pas d’acheter local pour être certain de consommer de façon responsable. Mais en veillant tant à la provenance qu’au calendrier des saisons, on fait déjà un grand pas dans la bonne direction».
Raison pour laquelle Bon à Savoir a décidé, à l’occasion de la journée internationale des consommateurs (15 mars), de convier tous ceux qui souhaitent que cela ne soit pas qu’une date anniversaire de plus, à participer un vaste état des lieux en Suisse romande, en cherchant à savoir quels sont les fruits et légumes incongrus disponibles dans les magasin et les commerces romands ce jour précis.
Christian Chevrolet
* Selon sondage Link commandé par le WWF en 2010.