Les chiffres donnent le tournis. En août dernier, le géant Apple est devenu la première entreprise privée à dépasser les 1000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Soit largement plus que Nestlé, Roche et Novartis réunis, pourtant solidement installés dans le top 40 mondial. Durant le quatrième trimestre de son année fiscale 2018, la firme à la pomme a, par ailleurs, engrangé un bénéfice net de 14,1 milliards de dollars, pour 62,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Marge nette: 22,5%.
Depuis, fluctuation des marchés financiers aidant, Microsoft puis Amazon ont, tour à tour, occupé la place tant convoitée de première capitalisation boursière mondiale. Leurs fondateurs emblématiques, Bill Gates et Jeff Bezos, cumulent une fortune personnelle de quelque 240 milliards de dollars. Une paille!
La success story de ces mastodontes du numérique, qu’on regroupe généralement sous l’acronyme GAFA (pour Google, Apple, Facebook et Amazon), a longtemps ébloui et fasciné. Mais aujourd’hui, tant au sein de la population que de la classe politique, c’est l’agacement qui prédomine vis-à-vis de ces champions de l’évasion fiscale.
Les amendes record récemment infligées par Bruxelles à Apple ou à Google ont marqué le début des hostilités. Puis, exaspérés par la lenteur des pourparlers européens, les Etats ont commencé à frapper en ordre dispersé. La France a dégainé la première sa taxe sur les revenus des géants du numérique, entrée en vigueur le 1er janvier 2019. L’Autriche, Israël et même le très libéral Royaume-Uni lui emboîtent le pas. Quant à la Suisse, déjà bien en peine de réformer la fiscalité de ses entreprises, elle préfère temporiser.
Pour les GAFA, bien que loin d’avoir dit leur dernier mot, le temps de l’insolence et des profits indécents est peut-être bientôt révolu.
Frank-Olivier Baechler