La rémunération des directeurs d’œuvres de bienfaisance et organisation d’utilité publique a augmenté, ces trois dernières années. Bon à Savoir a suivi l’évolution des salaires des personnes à la tête des ONG suisses les plus connues. Un domaine pour lequel la générosité des Suisses ne faiblit pas: les dons versés en 2023 se montaient à plus de 2,25 milliards de francs. Notre enquête révèle toutefois que la transparence de ces organisations laisse parfois à désirer.
Des salaires qui décollent
Premier constat: entre 2021 et 2024, les salaires des dirigeants ont le plus souvent progressé de 1% à 5%. Soit une hausse de 4 000 fr. à 10 000 fr. sur la fiche de paie annuelle.
Avec des exceptions marquantes puisque les salaires de directeurs ont parfois grimpé de plus de 10% en trois ans. Tel est le cas pour Greenpeace (+11,3%) et l’Entraide protestante suisse (+15,4%). Cela revient à des augmentations de 18 000 fr. à 24 000 fr. sur le certificat de salaire annuel. Les dirigeants de Greenpeace et de l’Eper remontent de plusieurs rangs dans notre tableau comparatif. D’autres ONG, comme la Ligue pulmonaire ou Helvetas, ont augmenté le salaire du directeur d’environ 15 000 fr. (entre +8% et +10%) depuis 2021.
Principale raison invoquée: l’ajustement au coût de la vie. Pour Helvetas, c’est même la seule avancée. Entre 2021 et 2024, l’inflation a été de 5%: elle ne suffit donc pas à justifier l’entier de ces hausses. Greenpeace ajoute, comme explication, la compensation de l’âge et de l’ancienneté.
A noter que certains salaires de directeurs, en dépit de bouleversements à l'interne, ont stagné ou baissé (voir tableau).
Transparence en sourdine
L’Aide Suisse contre le Sida et les Samaritains Suisse ont refusé de nous indiquer la rémunération de leur directeur, tandis que Green Cross n’a pas réagi. Public Eye, la Croix-Bleue Suisse et La Main tendue (143) n'ont pas non plus voulu rendre les chiffres publics alors qu’ils avaient participé à notre dernier relevé.
La transparence des ONG en prend un coup. Même si Save the Children et la Fondation Pestalozzi, hors-jeu en 2023, se sont prononcés cette fois-ci.
La Rega et Pro Juventute, dont les directeurs sont parmi les mieux rémunérés, n’ont pas indiqué le revenu brut 2024 de ces derniers, ni donné de tendance. A contrario, 12 ONG ont indiqué les salaires annuels 2025 de leur dirigeant ou, du moins, des estimations: les salaires des patrons du WWF et de Reporters sans Frontières Suisse devraient grimper à respectivement 206 320 fr. et 104 000 fr.
Enfin, huit organisations ont préféré communiquer le salaire de la direction dans son ensemble (voir tableau Salaire de la direction). Les revenus de la plupart de ces directeurs promettent de compter parmi les plus élevés.
Structures et missions variables
Nombre d’organisations rappellent que leur grande taille et leurs recettes élevées doivent être prises en compte avant de porter un jugement sur le salaire du plus haut cadre. Il en va de même de leur mission et de ses caractéristiques, ainsi que des responsabilités confiées au dirigeant et de l’expérience de celui-ci. La structure de la Rega, Garde aérienne suisse qui survole le classement, correspond ainsi plutôt à celle d’une compagnie aérienne de gros calibre, tandis que le directeur de la Fondation suisse pour paraplégiques gère un organisme doté de sept filiales (sociétés anonymes). D’autres ONG, comme Pro Juventute, notent que les salaires sont bien inférieurs à ceux correspondants dans l’économie privée.
Gilles D’Andrès
Déduire ses dons des impôts
Les dons aux organisations d’utilité publique sises en Suisse peuvent être déduits des impôts fédéraux, cantonaux et communaux. Pour cela, si requis par l’autorité fiscale, on demandera une attestation au bénéficiaire.
Concernant les plus petites ou les plus jeunes œuvres d’entraide, il vaut la peine de se renseigner en amont. La déduction est acceptée pour les organisations exonérées de l’impôt au vu de leur but d’intérêt public.
Certaines autorités fiscales exigent un don de 100 fr. au minimum pour qu’il soit déductible. C’est le cas de Fribourg, Neuchâtel, Vaud, Berne, et de la Confédération. Pour celle-ci et dans la majorité des cantons, le montant maximal déductible est de 20% du revenu net (10% dans le Jura, 5% à Neuchâtel).
Attention: Les cotisations de membres ne sont souvent pas déductibles.