L’huile de palme est partout: dans les cosmétiques, les biocarburants et, surtout, dans l’alimentation. Facile à manipuler, peu coûteuse, elle est devenue l’huile la plus consommée dans le monde. Or, son utilisation pose deux problèmes. Le premier est environnemental: la culture des palmiers à huile est directement associée à la déforestation massive de certains pays tropicaux, l’Indonésie et la Malaisie en tête. Le second est d’ordre nutritionnel: la forte concentration de l’huile en acides gras saturés favorise le développement de maladies cardiovasculaires (lire l’encadré).
Dès lors, comment repérer la présence de la substance indésirable dans les aliments? Pour y voir plus clair, nous avons visité, avec nos confrères de On en Parle (RSR, La Première), les quatre distributeurs présents dans tous les cantons romands (Coop, Denner, Manor et Migros). Nous avons retenu sept catégories de produits, soit un total de 73 articles (voir tableau).
Résultat: dans plus de 40% des cas, l’acheteur n’est pas informé de la nature des acides gras qu’il consomme. Sur leur emballage, trente produits se limitent en effet à une mention évasive, mais légalement autorisée: «huiles végétales» ou «graisses végétales». En interpellant les fabricants, nous avons pu obtenir des précisions concernant vingt de ces articles: à onze reprises, l’approximation cache la présence d’huile de palme et/ou d’une autre mauvaise graisse.
Migros moins transparent
En précisant à chaque fois le type d’huile contenue dans les produits de ses propres marques, Coop fait, à cet égard, preuve de plus de transparence que son principal concurrent Migros, qui se réfugie derrière les difficultés logistiques et l’absence d’obligation légale.
Au final, au moins 24 articles sur 73 contiennent de l’huile de palme (en rouge dans le tableau). Si les chips nature font étonnamment bonne figure, il n’en va pas de même des zwiebacks, des croûtons, des pâtes à pizza, des burgers végétariens… et même des raisins secs! Bonne nouvelle: les pots de légumes pour bébés sont, eux, irréprochables, à l’exception de celui de Nestlé: «L’exemplaire trouvé en magasin faisait partie d’une fin de stock, et l’huile de palme a aujourd’hui été remplacée par de l’huile de germes de maïs, plus saine», indique son porte-parole.
Constat suprenant: ni les produits bio ni ceux qui affichent des allégations santé sont exempts d’huile de palme. En témoignent deux pâtes à pizza et deux burgers végétariens ainsi que les croûtons WeightWatchers et les Zwieback Fitness de Roland.
Selon les fabricants que nous avons interpellés, l’abandon de l’huile de palme n’est pas à l’ordre du jour. Tant Coop que Migros, par leur appartenance à la Table ronde du WWF sur la production durable d’huile de palme (RSPO – lire bonus web*), préfèrent miser sur l’huile de palme respectueuse des forêts tropicales et des conditions sociales. Un choix louable, mais qui ne résout en rien les problèmes de santé.
En l’état, il n’est donc pas possible d’opter pour une alimentation totalement exempte d’huile de palme. Afin de tenter d’en réduire la consommation, il n’y a qu’une solution: vérifier soigneusement l’étiquetage des produits et renoncer à ceux qui ne mentionnent que l’indication générique «huiles végétales».
Frank-Olivier Baechler
BONUSWEB: Enjeux et critiques de la RSPO
Pour télécharger le tableau comparatif des produits, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Classement des huiles
La palme de la mauvaise graisse
Petra Mèche, chargée d’enseignement en nutrition et diététique à la Haute Ecole de santé, à Carouge (GE), hiérarchise les graisses animales et végétales en six catégories, de la meilleure à la moins bonne.
- Colza, noix, lin, sésame: riches en oméga 3 (acides gras polyinsaturés), ont un effet préventif sur les maladies cardiovasculaires et certains types de cancers.
- Olive, avocat, noisette, amande, pistache: riches en acides gras mono-insaturés, préviennent les maladies cardiovasculaires.
- Tournesol, carthame, pépins de raisin, blé, soja, maïs: riches en oméga 6, améliorent la qualité de la peau et aident au bon fonctionnement du système cardiovasculaire et de la fonction reproductrice. En cas d’excès, peuvent neutraliser les effets bénéfiques des oméga 3 et favoriser l'arthrite.
- Arachide: riche en acides gras mono-insaturés, mais teneur assez élevée en acides gras saturés (23%), qui favorisent le développement des maladies cardiovasculaires.
- Graisses animales naturelles: teneur en acides gras saturés approchant les 50%, en plus du cholestérol.
- Palme, palmiste, coco, coprah, coton: contiennent au moins 50% d’acides gras saturés, sauf l’huile de coton (31,5%). Extrêmement pauvres en oméga 3 et 6.
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