Il est bien sûr trop tôt pour partir sur les pistes en octobre, puisque la majorité d’entre elles n’ouvrant qu’à la mi-décembre. Pourtant, il est déjà temps de songer à l’achat d’un abonnement saison. Car les stations font le forcing pour en vendre un maximum au début de l’automne, à grand renfort de rabais spéciaux. Avec, à la clé, un client captif et un revenu assuré même en cas d’hiver difficile. Mais la bonne affaire est-elle réciproque? Du côté du skieur, est-ce facile de rentabiliser un sésame valable tout l’hiver? Pour le savoir, nous avons analysé les offres de la plupart des stations romandes, afin de déterminer le nombre de journées qu’il faut passer sur les pistes pour rentrer dans ses frais.
Tous les week-ends...sinon rien
Dévaler tout l’hiver les six pistes des Pléiades (240 fr.) ou les quatorze de Charmey (450 fr.) coûte, logiquement, nettement moins que s’offrir un grand domaine comme les 4 Vallées (1539 fr.). En revanche, le nombre de journées nécessaires pour couvrir le prix de l’abonnement surprend davantage, car il varie presque du simple au quadruple! Ainsi, dans les stations du Pays du St-Bernard (Champex, La Fouly, Vichères), six sorties suffisent pour rentrer dans ses frais, contre 22 dans les 4 Vallées (voir tableau). Soit l’équivalent de tous les week-ends sans exception du 24 décembre au 5 mars.
Le constat se répète dans l’Arc jurassien, où le nombre de jours nécessaires passe du simple
(10 à Buttes/La Robella) au double (20 à Monts-Jura). Dans l’ensemble, il faut skier plus souvent dans les grandes stations que dans les petites pour amortir son investissement d’avant-saison. Ce qui peut être compréhensible quand ces dernières, souvent situées à plus basse altitude, ouvrent moins longtemps leurs pistes. Notre tableau révèle pourtant bon nombre d’exceptions. Par exemple, 14 journées suffisent à Torgon et ses 45 remontées mécaniques (stations voisines reliées comprises), alors qu’il en faut 17 à Vercorin ou encore 22 à Bruson, toutes les deux pourtant nettement plus petites.
Pari risqué
Acheter son forfait à l’avance permet, dans plus de deux tiers des stations, de bénéficier d’un rabais qui peut aller de 5% à 35%. De quoi économiser, chez la championne en la matière, Monts-Jura, plus de 700 fr. sur le prix total de quatre abonnements (deux adultes et deux enfants). Mais il faut parfois se décider tôt, très tôt: à l’heure où nous mettons sous presse, il est déjà trop tard pour bénéficier de la remise de 30% accordée par Torgon, qui court jusqu’au 30 septembre. Dans la majorité des cas, c’est cependant le 31 octobre qui marque la limite.
Si l’économie promise est réelle, le pari est risqué. En cas d’hiver chaud et tardif, comme l’an dernier, le domaine peut rester fermé et le skieur à la maison! Souvent sans l’ombre d’un dédommagement, puisque la fermeture des installations ne s’accompagne pas d’une ristourne dans la plupart des cas. Dès lors, si le rabais d’avant-saison est faible, mieux vaut attendre la fin décembre pour se décider. Buttes (NE) a toutefois trouvé la parade pour garantir le ski au début de la saison: son forfait (300 fr.) est valable à Verbier jusqu’au week-end qui précède Noël.
Permis d’aller voir ailleurs
Opter pour un sésame valable tout l’hiver est donc avantageux pour qui projette de consacrer la majorité de son temps libre à titiller la poudreuse. Ou encore pour les personnes domiciliées dans des communes proches des domaines skiables, car elles bénéficient souvent de la remise pour les «indigènes».
En revanche, un amateur de glisse à l’agenda flexible ne s’y retrouvera pas forcément. Car il lui suffit de jongler avec les rabais octroyés par les remontées mécaniques les jours de semaine ou à l’entre-saison pour économiser gros. Avec, en guise de bonus, la possibilité de découvrir, à chaque fois, un site différent. Bon nombre de stations ont, toutefois, trouvé la parade pour éviter la lassitude de leur clientèle. Elles offrent aux détenteurs d’un abonnement saison des journées gratuites ou à prix réduit dans les stations voisines, des réductions pour d’autres activités ou encore l’accès aux remontées mécaniques en été*.
Les plus insatiables, enfin, peuvent s’offrir la Rolls des forfaits: le Snowpass Valais Unlimited, sorte d’abonnement général des montagnes qui ouvre la porte de toutes les stations du Vieux-Pays. Une liberté qui s’achète 1850 fr., soit l’équivalent de 37 cartes journalières à 50 fr. Ou encore 25, à condition de se cantonner aux domaines skiables de Zermatt, des 4 Vallées et de Crans-Montana, qui sont parmi les plus chers.
Vincent Cherpillod
Lire le bonus web: Avantages des abos de ski à la saison