Il n’y a guère que dans leur emballage que les bas ne filent pas. Au premier contact avec un ongle torturé ou toute aspérité mesquine, les mailles imitent le fil d’Ariane sans en avoir l’air. Renforcements par ci, stop maille par là, les fabricants louent pourtant la résistance de leurs produits comme s’il s’agissait de cottes de mailles. Mais, comme le démontrent les résultats de notre test, la fragilité des collants fins reste aussi grande que l’écart des prix (voir tableau).
Chers mais bien placés
Le Laboratoire Hohenstein a éprouvé douze collants noirs de finesse équivalente (20 deniers). Leur robustesse, leur forme, leur tolérance au lavage et leur coloration ont été examinées sous toutes les coutures (lire encadré). Le modèle Chinchillan 20, de Kunert, sort incontestablement du lot grâce à sa très bonne résistance. C’est l’un des plus chers de l’échantillon, mais c’est le seul aussi qui obtient la mention «très bon». Sa conception stop maille permet d’éviter qu’il s’effile au moindre trou.
Avec la deuxième place occupée par le plus onéreux, le Satin Touch de Wolford, force est de constater que le prix garantit une certaine qualité. La déception vient du Pure Matt, de Falke, dont les fibres sont aussi chères que délicates. L’emballage vante un stop maille sur la pointe du pied qui améliore la résistance à cet endroit, sans empêcher pour autant les autres parties de s’effiler. D’où des notes insatisfaisantes pour les mailles filées et tirées.
Si un trou au talon ou sur la jambe suffit à détruire instantanément le collant, l’utilité d’un tel stop maille paraît futile. «Par le biais de nos propres tests, nous savons que le Pure Matt présente une certaine fragilité à ce sujet», admet Stefanie Bohle pour la marque Falke. Et de justifier ces faiblesses par les priorités mises sur «la douceur et le traitement de la matière».
Les essayeuses ont confirmé ces propos en considérant que ce collant était le seul à se montrer aussi agréable à enfiler qu’à retirer. Sur les critères de forme et de tolérance au lavage, il s’est également avéré imbattable. Il ne reste donc à Falke qu’à soigner son talon d’Achille, la robustesse. Selon Stefanie Bohle, la firme y travaille déjà, afin de revoir ses procédés de fabrication.
D’autres marques pourraient en faire de même, à voir la ribambelle de collants jugés «satisfaisant» seulement. Car, comme les trahissent nos appréciations, la fragilité des mailles et la faible résistance au frottement tirent la grande majorité des produits vers le bas. Le test du lavage a également permis de pointer du doigt la dégradation trop rapide de cinq modèles.
Prix très disparates
Quoi qu’il en soit, les prix doivent être comparés avec vigilance. Car, si les deux plus chers du test caracolent en tête, les écarts observés – de 63 ct. à 18 fr. l’unité – entre les neuf modèles jugés «satisfaisant» laissent songeur. En effet, pour l’achat d’une paire de Falke, on peut s’offrir le luxe de porter chaque jour pendant un mois un nouveau collant Migros (M-Budget), Coop (Prix Garantie) ou Aldi…
Gertrud Rall / Yves-Noël Grin
EN DÉTAIL
Les critères du test
L’Institut de recherche allemand Hohenstein Laboratories a examiné sous toutes les coutures douze collants noirs (20 deniers).
- Mailles filées: après avoir découpé un trou dans chaque paire, les testeurs ont exercé une traction progressive pour évaluer la formation de mailles filées.
- Mailles tirées: à l’aide d’une éponge abrasive, ces accessoires ont été frottés pour observer l’étirement des mailles.
- Résistance au frottement: ils ont ensuite été frottés avec un tissu standard pour mesurer leur résistance
- Tenue au lavage: l’état des collants a été apprécié après avoir été lavés cinq fois à une température de 30 degrés.
- Coupe: pour examiner l’ajustement des produits, des essayeurs de diverses corpulences (de 36 à 42) les ont testés en respectant la taille spécifiée sur l’emballage. Lorsque deux grandeurs étaient indiquées, deux mannequins des deux tailles correspondantes les ont enfilé.
- Décoloration: les spécialistes ont vérifié que les collants ne déteignaient pas sur les tissus blancs. Ils ont également pu constater qu’aucun des articles ne contenait de colorants azoïques interdits, car cancérigènes.