Dans les hautes écoles de Suisse, trois étudiants sur quatre mettent la main à la pâte pour boucler les fins de mois. A partir de 18 ans, on est majeur pour le fisc, mais les allocations sont versées aux parents. Quant à l’AVS et à la prévoyance professionnelle, elles ont leurs propres calendriers: bienvenue dans le monde des adultes!
1. Jeunes, mais prévoyants
Alors que les apprentis cotisent à l’AVS à partir du 1er janvier qui suit leur 17e anniversaire, les étudiants ne passent à la caisse que l’année de leurs 21 ans. En 2020, c’est le tour des natifs de 1999. Les petits jobs ne sont pas soumis à l’AVS jusqu’à 2300 fr. par an, mais il faut tout de même payer le montant minimal de 496 fr. et ce, même si on n’exerce aucune activité lucrative.
Un oubli sera synonyme de pénalité dans le calcul de la rente AVS et cela, même en cas de séjour à l’étranger. On peut rattraper les paiements rétroactivement pour les lacunes des cinq dernières années. Au-delà de ce délai, il n’est plus possible de combler les lacunes et la rente sera réduite à vie.
Jusqu’à l’âge de 25 ans, les jeunes ne sont, en revanche, pas concernés par la prévoyance professionnelle. Ils ne cotiseront ensuite que si leur salaire annuel brut dépasse 21 330 fr.
2. Allocations et rentes
Les parents perçoivent une allocation de formation pour chaque enfant à charge jusqu’à l’âge de 25 ans. Pour y avoir droit, il faut apporter régulièrement la preuve (contrat d’apprentissage, attestation d’immatriculation, stage obligatoire, cours nécessaire à la formation professionnelle, etc.) que le jeune poursuit ses études. La plupart des cantons romands octroient bien davantage que le minimum de 250 fr. fixé par Berne (voir tableau, 1re colonne).
Quant aux retraités, ils ont droit à un supplément pour les enfants en formation jusqu’à l’âge de 25 ans, aux mêmes règles que pour les allocations. Le montant de la rente enfant correspond aux 40% de la rente de vieillesse AVS et aux 20% de la rente LPP. Ces mêmes bases de calcul permettent, en cas de décès d’un parent, de fixer la rente d’orphelin versée aux jeunes en formation.
Le droit aux allocations et aux rentes s’éteint à 25 ans, même si les études ne sont pas terminées.
3. A chacun sa feuille d’impôt
C’est en soufflant les bougies de son 18e anniversaire, qu’on devient contribuable. Dans le canton du Jura, on s’y met déjà à 16 ans. Il faut alors déclarer tous ses revenus, même s’ils sont minimes.
Plusieurs cantons ont prévu une déduction forfaitaire pour les jeunes en formation. Elle est de 3600 fr. à Fribourg, 3800 fr. dans le Jura, 2000 fr. à Neuchâtel et 7430 fr. en Valais. A partir du seuil de revenu imposable (voir tableau, 2e colonne), les impôts sont calculés normalement. Fribourg facture d’office 50 fr. à tous les contribuables et Genève, 25 fr.
A noter que l’éventuelle contribution d’entretien versée à la suite d’un divorce n’entre pas dans le calcul.
4. Déduction pour les parents
Les parents ont droit à la déduction pour enfant à condition qu’il soit encore en formation au 31 décembre. Dans le canton de Vaud, le quotient familial augmente de 0,5. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de limite d’âge à 25 ans. Le fisc autorise la déduction selon la durée nécessaire pour terminer la formation initiale (apprentissage ou études supérieures) permettant d’exercer une profession, pour autant que les études aient été menées sans interruption notable.
Seul Genève a placé ce curseur à 25 ans. Ce canton autorise en outre la déduction si les études se sont terminées en été. Si le revenu de l’étudiant se situe entre 15 303 fr. et 22 955 fr., une demi-charge est accordée.
Le canton de Vaud examine chaque cas pour déterminer si l’enfant dépend ou non de l’entretien de ses parents.
En Valais, les parents peuvent encore déduire 5000 fr. du revenu si la formation a lieu en dehors du canton et qu’il faut louer une chambre. Le fisc soustrait finalement 300 fr. de l’impôt dû par enfant.
Attention: si les revenus de l’étudiant dépassent un certain montant (voir tableau colonne 3), aucune déduction n’est accordée aux parents.
5. Assurance maladie
Les éventuelles aides cantonales pour les primes d’assurance maladie tiennent compte de la feuille d’impôt des parents. Pour les familles à bas et moyens revenus, les cantons seront tenus de réduire de 50% au moins les primes des jeunes adultes en formation à partir du 1er janvier 2021. Ils gardent toutefois une marge de manœuvre pour fixer les seuils donnant droit à ce coup de pouce. Le canton de Vaud s’est fixé pour objectif que le total des primes ne dépasse pas le 10% du revenu déterminant.