Quand on veut faire fructifier une partie de ses économies, il est difficile de diversifier ses investissements. En les regroupant avec celles de quelques amis, en revanche, on obtient un pécule et des compétences qui rendent l’aventure plus intéressante. Un cercle d’amateurs ne peut certes rivaliser avec les ordinateurs programmés pour profiter de chaque mouvement sur les corbeilles, mais, à défaut de devenir riche, on en saura un peu plus sur le monde de la finance!
La Finma, l'Autorité de surveillance des marchés financiers, a, cependant, édicté des directives précises pour gérer un portefeuille à plusieurs. Si le cercle respecte ces règles, il n’est pas soumis à sa surveillance.
Un club d’investissement doit, ainsi, respecter les conditions suivantes.
- Le nombre de membres est limité à une vingtaine.
- Seules des personnes physiques qui se connaissent sont en principe membres du club. Elles se rencontrent régulièrement pour gérer l’avoir commun.
- Les décisions seront prises par les membres eux-mêmes ou une partie d’entre eux. C’est l’une des principales différences avec un fonds de placement, dans lequel les investisseurs délèguent cette tâche à un gérant professionnel.
- Les membres doivent être informés régulièrement (deux fois par an au moins) de la situation des placements.
- Les investisseurs travaillent sans filet. S’ils perdent leur mise, ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes.
Un vrai portefeuille
Ce genre de club, qui a un intérêt didactique évident, connaît un regain d’intérêt dans les universités. La plupart se contentent toutefois de gérer des titres virtuels. Le Geneva University Investment Club (GUIC), de la HEC, Genève, est ainsi l’un des rares à placer un vrai portefeuille, dont la valeur boursière totalise, quatre ans après sa fondation, 10 000 fr.
Les membres du GUIC se sont partagé l’analyse des marchés en secteurs, des matières premières aux devises, en passant par le high-tech et les valeurs financières. «Chacun, à tour de rôle, propose ensuite l’achat d’un titre, ce qui suscite des discussions animées au vu de notre charte éthique», explique la présidente, Ioanna Metaxas. Les rendements sont réinvestis, le but du groupe n’étant pas de devenir riche, mais bien d’apprivoiser le fonctionnement des marchés.
Pigeons grugés
Attention toutefois: de petits malins font régulièrement de la publicité pour de prétendus cercles d’investissement. Or, s’il n’est pas interdit de vendre ses propres actions, ni de servir d’intermédiaire pour acheter des titres, il est illégal cependant de le faire uniquement pour s’enrichir, ce dont ils ne se privent pourtant pas, au détriment, bien sûr, de quelques pigeons qui ne revoient pas leur mise! En Suisse, ces pertes se chiffrent en dizaines millions de francs chaque année.
La Finma ne peut guère intervenir après coup. L’autorité de surveillance invite donc les apprentis traders à dénoncer les gestionnaires douteux et à se méfier de certains domaines, tels que l’or, les actions de start-up, le négoce de devises, les garanties de loyer… et les sociétés ou les cercles d’investissement. Elle a édicté à ce propos quelques règles de base*.
Claire Houriet Rime
*Bonus web: investir sans être naïf
Déclarer sa part du gâteau
L’administration ne considère pas un club d’investissement comme un sujet fiscal. Aucune déclaration d’impôt ne sera donc envoyée à cet organe. Par conséquent, il appartient à chacun de ses membres de déclarer la fortune investie dans le club (impôt sur la fortune) pour récupérer l’impôt anticipé. Idem pour le rendement et les dividendes, même s’ils sont réinvestis dans le pot commun (impôt sur le revenu).
Le caissier du club remettra, tous les ans, une attestation aux membres sur laquelle figurent leurs noms et adresses ainsi que leur part à la fortune et au rendement réalisé. L’impôt anticipé sera également mentionné.