Avec l’arrivée des smartphones connectés au web, les opérateurs font face à une nouvelle forme de concurrence: les applications qui permettent d’appeler ou d’envoyer des messages et des images en passant par le réseau de données, plutôt que par celui de la téléphonie classique.
Cela peut être très intéressant lors d’un séjour à l’étranger, par exemple. Imaginez: vous profiter du wifi de votre hôtel à New York pour appeler un ami, en Suisse, utilisant le réseau sans fil de son domicile. Avec une connexion suffisante, vous pourrez passer des heures au téléphone sans que cela vous coûte le moindre centime!
Les principaux acteurs dans ce domaine sont Skype et Viber pour les appels ou les messages et WhatsApp uniquement pour les textos. Plutôt que de laisser ce marché à d’autres, Swisscom a lancé, à la fin du mois de juin, son propre outil nommé «iO». Il est destiné à ses clients comme à ceux des autres opérateurs. Tout Compte Fait a donc voulu savoir ce qu’il vaut face à la concurrence (voir tableau).
Skype pour l’instant plus complète
Les quatre applications ont le même principe de base. Les communications sont gratuites, en Suisse comme à l’étranger, si la personne utilise un wifi (ou s’il possède des données mobiles offertes dans son abonnement) et si l’émetteur et le récepteur disposent tous les deux du même logiciel. Ces outils sont aussi disponibles sans frais sur les librairies comme l’AppStore ou Google Play. WhatsApp sera toutefois payant après une année d’utilisation, mais pour la modique somme de 1 fr. par an.
Skype va un peu plus loin, puisqu’il permet d’appeler n’importe quel numéro, en Suisse comme à l’étranger, sur un fixe ou sur un portable et sans que le destinataire soit obligé d’installer l’application. Le service est tarifé et fonctionne soit par abonnement, soit avec un système de prépaiement.
iO intégrera prochainement une telle possibilité. Les clients de Swisscom pourront appeler gratuitement en Suisse, alors que ceux des autres opérateurs devront débourser 20 fr. par mois. Les appels vers l’étranger seront, quant à eux, uniquement disponibles à la clientèle du géant bleu (gratuits pour les détenteurs d’un abonnement Infinity, 25 fr./mois pour les autres).
La popularité, talon d’Achille d’iO
Si les applications se valent au niveau de la simplicité d’utilisation, la vraie différence se joue sur la popularité du système. Car, lorsque la plupart de vos amis utilisent WhatsApp ou Skype, il est plus simple de choisir l’un de ces systèmes.
Les derniers chiffres font état d’environ 560 millions d’utilisateurs pour Skype, 300 millions pour WhatsApp et 200 millions pour Viber. Ce sont des estimations qui comprennent, pour Skype et Viber, des utilisateurs de la version «desktop», soit le logiciel fonctionnant sur un ordinateur. Mais ils montrent l'ampleur du marché auquel s’attaque iO. L’application suisse a été téléchargée 365 000 fois, rapporte l’entreprise.
Conscient de ce point faible et voulant sans doute surfer sur la vague antiaméricaine provoquée par le scandale «Prism», Swisscom fournit un autre argument: les informations de ses utilisateurs sont «stockées de manière sûre en Suisse». Mais des utilisateurs se sont vite aperçus que des données étaient tout de même envoyées sur des serveurs américains. De manière fragmentée et pour analyser d’éventuelles erreurs, assure l’opérateur. A l’heure de la globalisation des services informatiques, la carte du «local» n’est peut être pas le meilleur des atouts pour l’opérateur.
Loïc Delacour
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