Concilier économie et écologie. C’est la difficile équation qui se pose devant un objet défectueux. Pour la résoudre, toute une série de paramètres devrait être prise en compte: l’état d’usure, l’âge, l’espérance de vie, la consommation, la classe énergétique, le prix de l’appareil, le coût de sa réparation et l’énergie grise nécessaire à sa fabrication. Mais, bien souvent, ce sont des informations dont on ne dispose que trop partiellement.
Une approche réductrice
C’est dans le but de venir en aide aux consommateurs qu’on trouve sur internet, mais parfois aussi en annexe de sa facture d’électricité, des guides pour prendre la bonne décision en cas d’avarie: faut-il réparer l’objet défectueux ou faut-il le jeter?
Les réponses à cette question suivent généralement le même principe. Elles s’appuient sur l’âge de l’appareil et le prix de l’intervention. Pour un lave-linge âgé de huit ans, un fascicule recommandera, par exemple, de le remplacer si le coût de la réparation est supérieur à 10% du prix d’achat. Pour un réfrigérateur de plus de dix ans, les guides conseillent systématiquement d’en racheter un nouveau.
La majorité de ces publications ont été éditées il y a quelques années déjà. Elles visaient à sensibiliser la population à l’efficacité énergétique des nouvelles générations d’appareils électriques. Si leur approche didactique est louable, les recommandations sont souvent réductrices, voire simplistes. Car, si on les suit aveuglément, bon nombre d’objets seraient destinés à la casse. Ou, du moins, ne vaudraient pas la peine d’être réparés en raison de leur âge que l’on associe à de piètres performances énergétiques.
Peu d’évolutions récentes
Si ce raisonnement était justifié, il y a une dizaine d’années, il est devenu moins évident. Aujourd’hui, les appareils qui ont entre cinq ans et huit ans appartiennent en grande partie à la nouvelle génération de dispositifs peu gourmands. Les écarts sont donc devenus minimes. Seules les grosses évolutions technologiques ont un impact significatif. C’est le cas notamment des sèche-linge à pompe à chaleur qui consomment jusqu’à trois fois moins d’énergie que les modèles à condensation.
Pour le reste, il n’y a pas eu de grande révolution au cours des dernières années. Les réfrigérateurs vendus en Suisse, par exemple, ont l’obligation de répondre au minimum à la classe énergétique A++ depuis 2013. Et, avant cette date butoir, de nombreux modèles répondaient déjà à cette exigence. Corollaire: une réparation sur un frigo qui a entre six ans et huit ans n’est pas une absurdité économique et écologique.
Des parades trompeuses
Pour les lave-linge, le constat est similaire. Les modèles de la classe A+ existent depuis de nombreuses années. Ce qui signifie qu’une machine âgée de huit ans n’est pas beaucoup plus gourmande qu’un appareil actuel. C’est d’autant plus vrai que les fabricants ont trouvé la parade pour que leurs lave-linge soient théoriquement plus frugaux: la taille et la solidité du tambour n’ont pas changé, mais la capacité est passée de 5 kg à 7 kg, voire à 8 kg de linge… Cette astuce ne fait qu’accroître le fossé entre la théorie et la réalité. Sans oublier que des tests ont montré que certains modèles consommaient jusqu’à 20% de plus que ce que leur étiquette énergie indiquait.
Or, tous ces éléments faussent un calcul important, celui de la durée d’amortissement qui englobe l’énergie grise. En effet, les guides estiment qu’un lave-linge est amorti entre trois et cinq ans grâce au gain énergétique réalisé. Mais, en tenant compte d’une marge d’erreur de 20%, la durée d’amortissement se situerait plutôt entre six et dix ans, voire davantage dans certains cas!
En conclusion, le choix de réparer ou de jeter un appareil doit être appréhendé au cas par cas. Les publications à ce sujet ne donnent que des grandes lignes qui ne peuvent pas être généralisées. Mieux vaut s’adresser à un réparateur professionnel pour prendre une décision pertinente.
Christophe Inaebnit
PARTENARIAT
La Bonne Combine – Réparations en tous genres, Prilly (VD), labonnecombine.ch