Andrée Gunz pensait trinquer à sa bonne fortune – celle d’avoir répondu juste aux questions figurant sur un tous-ménages de Charles Delatour SA. Au téléphone, la vendeuse de cette maison de vente de vin par correspondance lui avait certifié qu’elle faisait partie des 10 personnes ayant gagné 3 bouteilles – ainsi que le droit de participer à un tirage au sort pour gagner un lot plus important.
Hélas: quelques jours après la bonne nouvelle, au lieu des bouteilles promi-ses, notre lectrice de Vevey s’étranglait en découvrant dans sa boîte aux lettres un bulletin de livraison mentionnant certes deux bouteilles gratuites, mais sur une commande de douze, qu’Andrée Gunz n’avait jamais passée, pour un montant dépassant 300 francs…
Autre victime
Plus ou moins en même temps, à Fribourg, René Berset, lui aussi gagnant du concours Delatour avisé par téléphone de son succès, fronçait le sourcil devant son courrier: un bulletin de livraison de douze bouteilles pour 454,50 francs… Avec deux bouteilles gratuites, bien sûr. Nos deux lecteurs ont réagi sans délai, en téléphonant immédiatement au siège de la maison Delatour à Lutry pour signaler qu’ils n’avaient jamais passé commande. Et en s’adressant à Bon à Savoir, pour dénoncer ce qu’ils considéraient relever d’une arnaque, ou pour le moins de méthodes très discutables de vente…
Il est vrai que le contexte – un concours avec tirage au sort, une maison de vente par correspondance dont le siège est à Lutry, les bureaux à Zoug et la filiale romande à Yverdon – semble leur donner raison. D’autant que, de l’avis d’un professionnel du commerce de vins, la branche compte quelques brebis galeuses, surtout dans la vente par correspondance.
Joint au téléphone par Bon à Savoir, Michel Walter, responsable de Charles Delatour SA pour la Suisse romande, situe immédiatement le problème et évoque spontanément d’autres mésaventures analogues à celles de nos lecteurs.
Vendeuse en cause
Selon lui, tous les «gagnants» de ce concours doivent leur frustration à la vendeuse qui les a démarchés au téléphone: «Nous avons eu des problèmes avec cette dame, et avons dû suspendre son activité avant, probablement, de lui demander sa démission», précise-t-il. A l’en croire, la malhonnêteté n’est pas en cause, mais bien l’incompétence.
«Ce concours s’étend sur toute l’année; un cellier de 120 bouteilles constitue le premier prix, les autres lots étant une trentaine de caisses de 12 bouteilles», explique Michel Walter. Le tout, bien sûr, par tirage au sort. «L’objectif premier est naturellement de récolter des adresses de personnes qui s’intéressent au vin», admet-il sans détours. Mais pas d’attirer de force des clients: «Ce n’est pas dans notre tactique commerciale, ni dans notre intérêt, puisque nous avons surtout besoin de clients fidèles et satisfaits.»
C’est pourquoi, le responsable de Charles Delatour promet un «geste d’excuse» envers les victimes de ce cafouillage, «au moins une bouteille».
On le prend au mot… non sans souhaiter que sa franchise soit entendue de nos lecteurs, et que ceux-ci gardent en tête que n’importe quel concours vise d’abord à convaincre le consommateur d’ouvrir tout grand sa boîte aux lettres aux sollicitations commerciales.
Blaise Guignar