La main dans un gant brûlant
S’ils protègent plutôt bien de la chaleur, les gants de cuisine risquent aussi de s’enflammer beau-coup trop facilement: un seul article sur les seize testés au laboratoire a réussi notre épreuve du feu.
Sommaire
- Télécharger le tableau comparatif de tous les produits.
Bon à Savoir 12-1998
09.12.1998
Dernière mise à jour:
04.10.2022
Ellen Weigand
La mésaventure brûlante d’Erika Bon (nom d’emprunt) fait froid dans le dos: «J’ai pris le gant de cuisine pour soulever un protège-plaques échauffé oublié sur ma cuisinière, et il a aussitôt pris feu.» Non sans manquer de réflexes, notre lectrice a immédiatement jeté l’objet brûlant dans l’évier pour l’éteindre – par chance, suffisamment vite pour éviter de se blesser. A noter qu’elle n’avait pas enfilé le gant.
S’agit-il d’un accident isolé? Pour...
La mésaventure brûlante d’Erika Bon (nom d’emprunt) fait froid dans le dos: «J’ai pris le gant de cuisine pour soulever un protège-plaques échauffé oublié sur ma cuisinière, et il a aussitôt pris feu.» Non sans manquer de réflexes, notre lectrice a immédiatement jeté l’objet brûlant dans l’évier pour l’éteindre – par chance, suffisamment vite pour éviter de se blesser. A noter qu’elle n’avait pas enfilé le gant.
S’agit-il d’un accident isolé? Pour en avoir le cœur net, Bon à Savoir a soumis les seize gants pour casseroles et poignées de cuisine les plus vendus en Suisse à deux laboratoires spécialisés. Le Laboratoire cantonal de Bâle a examiné les articles sous l’angle de l’inflammabilité. Le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherches de Saint-Gall a vérifié leur pouvoir isolant et donc de protection des mains contre des chaleurs de respectivement 180 et 250 degrés.
Partis en flammes
Les résultats des examens concernant l’inflammabilité sont plutôt effarants. Un seul gant n’a pas pris feu! Les experts ont en revanche été favorablement surpris du pouvoir isolant des produits testés.
Les étapes des tests en détail:
- • Inflammabilité. Pour cette épreuve, la face intérieure (paume) du gant et l’intérieur des chiffons ont été mis en contact avec une flamme de gaz. Quinze des seize «protections» ont immédiatement pris feu et continué à brûler joyeusement! Seul le gant de Migros, vendu 13,50 fr. la paire (voir tableau), a résisté: le feu s’est éteint après avoir brûlé le tissu sur une longueur d’un centimètre seulement. A noter que c’est l’unique produit parmi les seize testés à être fabriqué en fibres de verre.
- • Vitesse de combustion. Les divers modèles ne se sont pas consumés à vitesse égale. Les moins décevants parmi ceux classés «insuffisant»: les gants vendus par ABM (8 fr.) et Manor (3,95 fr.), sur lesquels les flammes ont progressé à «seulement» 7 mm par seconde en direction de l’avant-bras non protégé. En queue de peloton, le chiffon Linda de Coop (3,90 fr.), dont les flammes ont eu raison à une vitesse de 28 mm/s.
Concrètement, cela signifie que, lorsqu’un gant du modèle d’ABM prend feu au bout des doigts, les flammes mettent 40 secondes pour atteindre le côté opposé du gant et donc brûler la peau nue du bras. Avec la poignée Linda, ce mal est fait en quelques secondes à peine.
Prescriptions sévères
Commentaire de Martin Hugi, chef de la division ménage, jardin et loisirs du BPA (Bureau suisse de prévention des accidents): «Des gants de cuisine ne devraient jamais prendre feu, peu importe dans quelle situation.»
L’ordonnance concernant l’inflammabilité des matières textiles exige d’ailleurs que les vêtements de travail exposés à un danger plus élevé d’incendie soient difficilement inflammables. Ils ne doivent donc pas continuer à brûler au contact d’une flamme. Pour tous ceux officiant dans des cuisines, il va sans dire que cette prescription doit aussi s’appliquer aux gants utilisés pour manier casseroles et autres plats glissés au four.
- Capacité isolante. Comment les gants protègent-ils les mains de la chaleur? se sont aussi demandé les experts. Pour y répondre, le Laboratoire fédéral a posé les articles en question sur une plaque chauffée une fois à 180 degrés, puis à 250 degrés. A l’aide d’un thermomètre, placé à l’intérieur du gant, respectivement sur l’autre face de la poignée, les experts ont alors mesuré le temps nécessaire à une élévation de la température de 10 degrés.
Tous protègent de la chaleur
Bonne surprise pour Walter Bolli, responsable des tests à Saint-Gall: tous les articles ont au moins atteint un résultat suffisant (voir tableau). Le chiffon Cuisimod de Waro, le gant Linda de Coop et le modèle fleuri de Manor ont même obtenu la mention «très bon». Car tous trois ont mis au moins 15 secondes avant de s’échauffer. A titre de comparaison, un gant de travail industriel, tels ceux utilisés par des soudeurs, doit précisément résister à la chaleur durant 15 secondes au moins (à 2500°C).
A noter qu’un gant humide perd son pouvoir isolant: «La main est littéralement cuite par la production de vapeur», avertit Walter Bolli. N’utilisez donc que des gants secs.
La plupart des seize gants et poignées en tissu testés par Bon à Savoir sont donc suffisants, s’il s’agit juste de porter un gratin du four sur la table.
Impardonnable!
Mais il est absolument impardonnable que presque tous s’enflamment si facilement. C’est pourquoi seul le gant de Migros à 13,50 fr./paire – ce qui n’est d’ailleurs pas le prix le plus élevé des articles testés – a obtenu la mention «bon». Tous les autres sont classés «insuffisant».
Quant à la mésaventure d’Erika Bon, sachez qu’elle s’est produite avec un ancien modèle signé Miele. Depuis, le fabricant l’a remplacé par un gant plus moderne. Ce dernier n’a pas été retenu dans notre test, mais nous l’avons quand même passé à l’épreuve du feu. Résultat: il est également parti en flammes...
Télécharger le tableau comparatif de tous les produits.