Inutile de chercher, le sirop «grenadine» ou «de grenadine» (les deux appellations sont tolérées) ne contient aucune trace du fruit du même nom. Quelle est alors son origine? A défaut d’avoir une réponse définitive, l’historienne Ségolène Lefèvre, spécialiste de l’alimentation, a sa petite idée.
La grenade est originaire du Moyen Orient, explique-t-elle. Elle était même, avec les figues, le fruit emblématique de la Palestine. Sa pulpe est toujours, notamment en Iran, très utilisée en cuisine, par exemple dans les plats en sauce. En Egypte, le jus, rafraîchissant et légèrement sucré, était même transformé en liqueur. Aujourd’hui, on peut boire du sirop de grenade dans certains pays du Maghreb et en Espagne.
La grenade ne pousse évidemment pas en Occident. Ségolène Lefèvre estime donc qu’il était, sous nos latitudes, plus facile et moins coûteux d’utiliser des fruits rouges (framboise, cassis, groseille ou sureau), dont le goût et la couleur sont assez proches. Le mot grenadine, qui date de la fin du XIXe siècle, serait, selon elle, une sorte de coup marketing, car il sonne exotique. Et il permet de mettre un nom sur un mélange hétéroclite qui aurait, sinon, été bien difficile à trouver. Cette composition n’a d’ailleurs pas changé depuis des lustres.