Avec un prix de 2.95 fr. le bouquet de 100 grammes d’ail des ours chez Coop, on a vite fait d’économiser en allant cueillir soi-même, dans un sous-bois, ces feuilles aromatiques dont la saison vient de s’écouler. Outre l’ail des ours, toute période apporte quelque chose à cueillir pour les papilles: des fleurs de sureau aux mûres sauvages, en passant par les arbres fruitiers et les champignons.
Trouver un coin est devenu plus facile avec des sites internet participatifs, comme fallingfruit.org ou mundraub.org. Ces plates-formes permettent aux amateurs de partager leurs astuces (lire encadré). Mais attention, la cueillette sauvage ne s’improvise pas, car la démarche comporte certains risques.
Cent cinquante hospitalisations par année
«Le risque principal est de se tromper de plante», explique Michael Berthoud, formateur en plantes sauvages. Cela peut avoir de graves conséquences. Chaque année, environ 150 personnes sont hospitalisées, en Suisse, à la suite d’une intoxication avec une plante sauvage. «La première règle est d’être sûr à 200% de ce que l’on cueille», souligne l’environnementaliste vaudois. Pour cela, on peut se renseigner sur le site infoflora.ch, qui recense la flore helvétique.
Quand on cueille en ville, il faut penser à la pollution du trafic, aux chiens et aux renards. On choisira des sources éloignées des routes, privilégiant les parcs et les zones résidentielles. Les arbres fruitiers sont en hauteur, donc moins exposés, remarque Michael Berthoud. Pour les herbacés, mieux vaut choisir un coin en retrait.
Une pollution des sols est aussi possible. Il faut alors suivre les recommandations des autorités. Dans le cas de la contamination à la dioxine à Lausanne, ce sont principalement les œufs et les cucurbitacées qui sont concernés.
Ne prélever que ce que l’on consomme
L’environnementaliste attire encore l’attention sur un point: «En ville comme dans la nature, les fruits représentent une ressource importante pour les animaux.» Les cueilleurs veilleront à ne pas piller les arbres, la règle d’or étant: «La récolte ne doit pas se voir.»
De manière générale, une cueillette n’est durable que si elle permet à la flore de se renouveler d’année en année. On ne prélève que ce que l’on va consommer. Certaines espèces sont protégées, ce qui veut dire qu’il est interdit de se servir. Il existe une liste des plantes protégées au niveau fédéral, mais les cantons ont également un registre propre. Mieux vaut donc se renseigner au préalable.
Quant à savoir où et comment les prélèvements sont autorisés, là aussi, c’est un patchwork. Au niveau fédéral, la question est réglementée dans la Loi sur la protection de la nature et du paysage ainsi que dans l’Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage. Mais la plupart des cantons, voire des communes, connaissent également des règlements propres. Le canton de Genève, par exemple, spécifie que l’on ne cueille que ce que l’on peut tenir dans une main. En outre, les plantes doivent être coupées, et non arrachées. La cueillette à des fins lucratives est soumise à autorisation.
Sandra Porchet
Bons coins répertoriés
La plate-forme fallingfruit.org liste près d’un million et demi de coins de cueillettes dans le monde, dont un peu plus d’une centaine en Suisse romande. Ils proviennent, d’une part, des cadastres d’arbres publics, mais aussi des utilisateurs. Le site a été lancé en 2013 aux Etats-Unis. Son fondateur Ethan Welty nous écrit que l’équipe n’a pas les capacités de vérifier les entrées. Les utilisateurs peuvent toutefois signaler celles qui leur semblent problématiques. Prudence est de mise, donc, particulièrement si un arbre est affiché comme étant sur une parcelle publique.