Le discours officiel servi en septembre dernier ressemblait à un conte: «Les primes d’assurance maladie vont baisser l’an prochain, chers petits cochons. Les gentils assureurs, les gentils médecins et le gentil gouvernement ont eu raison du grand méchant loup avec ses augmentations.»
Histoire pour s’endormir ou à dormir debout? Dans la réalité, un assuré sur trois paiera quand même davantage en 2022. Pour 39% des adultes qui ont opté pour la franchise de 300 fr., généralement des personnes d’âge mûr ou souffrant d’une maladie chronique, les primes vont AUGMENTER l’an prochain. Elles baisseront pour 43% d’entre eux et resteront stables pour 18% des assurés de cette catégorie.
En revanche, dans la catégorie des assurés qui ont coché la franchise de 2500 fr., souvent plus jeunes et en bonne santé, plus des deux tiers verront leur prime BAISSER et 27% subiront une augmentation.
Dans ce contexte, il n’est pas normal de se congratuler parce qu’une moyenne arithmétique baisse de 0,1%, alors que les ménages s’endettent à cause de primes hors de prix. Pas normal que, année après année, le ministre de la Santé prenne un air contrit pour annoncer de nouvelles hausses quand les salaires font du rasemottes.
En Suisse, on tourne en rond depuis vingt ans sans trouver de solution à la hausse des primes: 3,7% par an depuis l’entrée en vigueur de l’assurance obligatoire des soins, en 1996! Toute
initiative, qu’elle vienne de gauche ou de droite, est balayée parce que ce n’est LA bonne idée. Les assureurs se mettent sur les pattes de derrière dès qu’on parle de caisse unique et de primes proportionnelles au revenu. Les médecins crient au loup quand on évoque un plafonnement des prestations ou de baisser les tarifs, par exemple ceux des analyses pratiquées dans leur propre cabinet.
Le loup, parlons-en: il se lèche déjà les babines, parce que les patients finiront bien par payer. Pauvres petits cochons!
Claire Houriet Rime