Quand une dame respectable s’énerve, il faut la prendre au sérieux. D’où l’importance de ne pas négliger la prise de position du CEO de la Rega, Ernst Kohler. Fondée en 1952, la Garde aérienne suisse de sauvetage organise, chaque année, le rapatriement de quelque 1100 patients.
«A titre d’exemple, explique le CEO, le coût d’un rapatriement en avion-ambulance de Séville coûte 45 000 fr., dont seulement 17 000 fr. peuvent être facturés.» La Rega ne fait effectivement pas payer ses prestations de réserve, telles que ses infrastructures ou sa disponibilité 24 heures sur 24. Ainsi, la fondation est financée à 60% par ses 3,3 millions de donateurs, le 40% restant provenant des missions, elles-mêmes payées par les assureurs quand les malades ont contracté une police adéquate.
Ce montage financier est toutefois en péril. Primo, parce que les acteurs du transport sanitaire international visent des baisses de prix au détriment de la qualité, et donc des patients. La Rega refusant de faire des compromis sur la qualité, sa rémunération diminue en conséquence.
Secundo, dénonce en substance Ernst Kohler, les assureurs ont tendance à se défiler. Ils cherchent souvent la faille juridique qui leur permettra de ne pas passer à la caisse lors des rapatriements de leurs assurés, laissant la Rega assumer seule les coûts de l’intervention. «Il est inadmissible, tonne le CEO, que l’argent des donateurs subventionne les moutons noirs, alors que d’autres prennent leurs responsabilités.»
De mauvais joueurs noyant leurs clients dans des conditions générales illisibles, ce n’est pas nouveau pour la rédaction de Bon à savoir. Et nos bacs de courrier ne désempliront pas tant que le monde politique cèdera au chantage continuel du lobby des assureurs. Faut-il que la Rega abandonne un blessé au sommet de l’Everest pour que les compagnies fassent leur boulot, qui est finalement… d’assurer?
Claire Houriet Rime