Une «livre» de pain mi-blanc peut-elle peser 420 gr. et être vendue au prix standard?. A Fribourg, la boulangerie Saudan avertit en effet ses clients avoir revu le poids des miches à la baisse. La «demi-livre», elle, ne pèse plus que 210 gr. Raison invoquée: la farine utilisée vient désormais des cultures locales. On ne parle du reste plus de «mi-blanc» ou de «noir», mais de «Fribourgeois clair» ou «foncé». Les tarifs, en revanche, n’ont pas baissé. Compter 2.10 fr. pour la demi-livre, 3.10 fr. pour la livre et 4.90 fr. pour le kilo (en réalité, 840 gr.)
«Ce n’est pas un problème, à condition que le client ne soit pas trompé sur la quantité», rassure Jean-Pierre Mathys, directeur de la communication de Swissbaker, l’Association suisse des boulangers-confiseurs. En Suisse, la législation contre les cartels a entraîné la disparition du prix imposé qui a prévalu longtemps sur le pain mi-blanc et le noir. Swissbaker se limite donc à «conseiller» un tarif, qui est actuellement de 1.60 fr. pour la demi-livre, 2.70 fr. pour la livre de 500 gr. et 4.90 fr. pour le kilo.
Cet avis est loin d’être suivi partout. Pouly a ainsi sa propre fourchette, basée sur la géographie et le contexte économique de chaque enseigne. Compter ainsi entre
2.10 fr. et 2.60 fr. pour la demi-livre selon qu’elle soit mi-blanche ou noire, vendue à Meyrin, Neuchâtel ou à la gare de Cornavin. Le prix du kilo, fabriqué sur commande, varie ainsi entre 8.30 fr. et 11.20 fr.! La livre a même disparu de l’assortiment.
«La taille des ménages ne justifie plus ces grandes quantités», confirme Jean-Pierre Mathys. Sans compter que la consommation de pain a drastiquement baissé. Les préférences de la clientèle vont désormais aux petits pains spéciaux.
Quant aux tarifs plancher pratiqués dans les grandes surfaces (1.15 fr. pour une livre de mi-blanc chez Coop et Migros), les détaillants y voient clairement un prix d’appel. «Si on tient compte du coût du personnel, du local et des ingrédients, le coût de revient est largement supérieur», constate Yves Girard pour les Artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs vaudois.
Bref, le pain est devenu un produit comme les autres. Reste à espérer que la tartine ne disparaîtra pas du menu des familles nombreuses et des colonies.
Claire Houriet Rime