Le bronzage est devenu ringard. N’en déplaise à celles et à ceux qui s’imaginent plus appétissants en calquant leur séduction sur celui des toasts grillés. Ce changement de paradigme rappelle celui de la clope. Comme quoi le spectre de tout cancer peut être un puissant inverseur de tendances. Dans ce contexte, les vêtements anti-UV suivent la courbe opposée: on en voit toujours plus et sous des formes très diverses.
Alors docteur, est-ce que ces habits offrent une meilleure protection que les autres? «Pas forcément. Un jean traditionnel, par exemple, absorbe parfaitement les UV. Dès l’instant où l’on a un tissu qui a des mailles fines et très serrées, l’écran contre le rayonnement solaire est généralement bon», explique Olivier Gaide, responsable des cancers de la peau au Service de dermatologie du CHUV. Pour en avoir le cœur net, il conseille de regarder le soleil à travers le tissu: «Si la lumière ne passe pas, c’est qu’il protège très bien la peau.» Propriété qu’il peut perdre lorsqu’il est mouillé, usé ou distendu.
Mieux que la crème solaire
En bref, plus un textile est serré, épais et de couleur foncée, meilleure sera la barrière contre les UV. A densité égale, des matières font nettement mieux que d’autres: le coton ne tient, par exemple, pas la comparaison avec le polyester. Ce dernier compose d’ailleurs de nombreux vêtements photoprotecteurs, comme les maillots de bain pour les enfants. On obtient une tenue légère, rapidement sèche et qui absorbe les rayons UV même lorsqu’elle est mouillée. Certes, la protection n’est pas meilleure qu’une combinaison en jean, mais, question confort, c’est une autre affaire…
Tout comme les crèmes solaires, les habits anti-UV ont des normes qui informent de l’indice de protection (UPF). Or, les fabricants de textiles – comme de cosmétiques – n’ont pas le droit d’afficher un UPF supérieur à 50. Tout au plus, l’étiquetage peut mentionner «UPF 50+» pour signifier qu’il fait mieux que 50. Mais, à indice équivalent, un vêtement fera toujours mieux qu’un lait solaire et plus durablement. D’autant que personne – ou presque – ne suit les recommandations: appliquer 2 ml par cm2 de peau toutes les deux heures. «Pour un adulte de taille moyenne, cela représente pratiquement un tube par jour», sourit Olivier Gaide.
Yves-Noël Grin