Les Suisses sont de grands photographes amateurs. Chaque ménage utilise six films par année en moyenne. Une avalanche de clichés à laquelle les laboratoires de développement par correspondance font face grâce à un matériel de plus en plus sophistiqué. Leurs machines peuvent en effet développer quelque 20 000 photos par heure! Mais elles ne peuvent complètement remplacer l’œil de l’homme. Des correctrices d’images prennent le relais pour contrôler les clichés et trier les photos ratées ou celles que l’automate a mal tirées. Un travail indispensable: «Environ 20% des images ne sont pas correctement exposées en machine», estime Jost Marchesi, ingénieur en photographie et auteur de plusieurs livres sur la technique de la photo.
Sur une pellicule de 36 poses,
7 images environ ne sont donc pas parfaites du point de vue de la couleur lorsqu’elles sortent de la machine. Cependant, notre test révèle que les laboratoires n’effectuent pas tous les corrections manuelles nécessaires. Et qu’ils n’hésitent pas à facturer aussi des clichés mal développés.
Le test du spécialiste
Pour tester la qualité des développements, Bon à Savoir a envoyé un film à huit grands laboratoires du pays. A noter que le laboratoire Migros inclus dans ce test travaille pour les coopératives Migros de Berne et de Zurich. En Suisse romande, Migros collabore avec le laboratoire Kodak, également testé.
Le photographe Jost Marchesi a exposé les films avec huit appareils identiques. Pour atteindre un résultat comparable, il a déclenché chaque appareil aux mêmes endroits, avec un film Kodak Gold ISO 2000 de 36 poses, d’abord en studio, avec une lumière artificielle, puis dans un parc, à lumière variable.
Jost Marchesi a aussi simulé les erreurs les plus courantes des photographes amateurs (voir encadré page 14). Il a également «raté» cinq prises de vue, afin que les laboratoires puissent démontrer la précision avec laquelle ils repèrent de telles images, que les bons services de développement ne facturent pas.
Les critères du test
Supracolor, au contraire, a reproduit la scène de manière sombre et nettement jaune.
Ne payez plus le prix fort
Même si nous l’avons mentionné, nous n’avons pas tenu compte du prix pour l’appréciation globale de notre classement. Par «Prix total du film test», nous entendons le prix à payer pour le développement, les clichés au format 10 x 15 et les frais de port et d’emballage! Mais les photographes malins paieront rarement ce prix standard, car ils savent que les services de développement se surpassent en actions spéciales, régulièrement annoncées par des pochettes d’envoi distribuées dans les boîtes à lettres, notamment en cette période de vacances estivales. En tel cas, une même image peut revenir à seulement 20 ct.
A noter encore que les coûts de développement et d’envoi représentent une part importante des frais. Or, les laboratoires ne jouent pas tous la carte de la transparence. En général, leurs pochettes n’indiquent que le prix du développement. Et s’ils mentionnent les frais de port, ils ne les chiffrent pas. Seul Migros indique clairement 3,70 fr. de frais d’envoi et d’emballage. Au total, les coûts accessoires de nos films test se sont élevés entre 6,40 fr. (Color Labor) et 8,70 fr. (Fotopick Express).
Autres critères
Certains laboratoires proposent spontanément des services complémentaires que nous n’avons pas pris en considération, faute de pouvoir les comparer. Extrafilm et Color Labor offrent par exemple une pellicule (valeur entre 4 et 7 fr.) à leurs clients. Quant à Fotolabo, il développe ses propres films pour 40 ct. l’image, mais 60 ct. lorsqu’il s’agit de matériel concurrent.
Attention enfin, à lire toutes les petites lettres figurant sur les pochettes d’envoi des pellicules. Certaines offres ne valent par exemple que si on commande un autre film. D’autres, comme Supracolor, n’hésitent pas à envoyer – et à facturer! – de nouveaux films sans qu’on les ait commandés. Si l’on n’en veut pas, il faut l’indiquer en cochant une case...
Conseils pratiques
Evitez les erreurs les plus fréquentes
Régulièrement, les photographes amateurs commettent les mêmes erreurs. Pour les éviter et améliorer vos clichés, suivez les conseils de l’expert de Bon à Savoir, le photographe Jost Marchesi.
1 Les films modernes ont une grande marge d’exposition. Toutefois, un manque de lumière rend les couleurs fades.
Conseil: lors de l’utilisation d’un film de 200 ISO, régler la sensibilité à 125 (dans la mesure, bien sûr, où vous pouvez la régler manuellement). La légère surexposition qui en résultera améliorera le brillant des couleurs.
2 Les petits flashs incorporés sont souvent faibles et insuffisants pour éclairer de grandes pièces ou des séquences de nuit à l’extérieur. Résultat: des images fades et décolorées.
Conseil: vérifier la portée du flash dans le mode d’emploi et utiliser une pellicule couleurs très sensible (800 ISO).
3 Les appareils automatiques règlent souvent la netteté sur le centre de l’image. Lors de portraits doubles (voir photo 3) c’est donc l’arrière-plan qui est net et les personnages qui sont flous.
Conseil: viser l’un des visages et appuyer sur le déclencheur sans prendre la photo. Ainsi, la netteté se règle sur le visage. Garder ensuite le doigt sur le déclencheur et choisir le cadrage désiré avant de déclencher.
4 Beaucoup d’appareils automatiques ne permettent pas de prises de vue plus rapprochées qu’à 80 ou 100 cm. C’est pourquoi des gros plans sont souvent flous.
Conseil: lire le mode d’emploi pour connaître la distance de prise de vue la plus rapprochée possible.
5 Un flash devant une fenêtre se reflète inévitablement dans le verre, ce qui éblouit l’image (voir photo 5).
Conseil: ne jamais prendre une photo au flash face à une vitre.
6 La nuit, le flash provoque des yeux rouges. Ils sont, hélas, quasi inévitables avec les caméras automatiques à flash intégré fixe. Mieux vaut donc un flash qu’on puisse fixer sur l’appareil et qui se laisse diriger vers le plafond. Cette lumière indirecte élimine le problème.
7 Lors de forts contre-jours, le sujet à l’avant reste noir ou sans relief (voir photo 7).
Conseil: enclencher le flash. Ainsi, le sujet en avant-plan est éclairé frontalement. Regarder dans le mode d’emploi si la caméra offre un programme spécial pour le contre-jour.
8 Lors de forts contrastes (p.ex. personnage vivement éclairé et ses environs dans une ombre profonde), la caméra ne peut décider quelle partie de l’image est importante. Résultat: le personnage est beaucoup trop clair.
Conseil: si l’on ne peut influer sur les contrastes en changeant d’éclairage, choisir un plan plus rapproché. Et souvent, il est utile d’utiliser le flash.
Enfin, de manière générale, une image est meilleure si l’on se rapproche du sujet et qu’on s’en tient à l’essentiel. Veiller aussi à éviter les détails dérangeants en marge de l’image.
Testé
Films négatifs couleurs
Réussir une photo ne dépend pas que du savoir-faire du photographe, ou du soin du laboratoire de développement. La qualité de la pellicule influe sur la réussite du cliché.
La fondation allemande Warentest a testé des films négatifs couleurs ISO 100 (prix pour 36 poses)
Films recommandés:
– Kodak Gold (5,95-6,50 fr.)
– Kodak Royal Gold (6,55-
7,15 fr.)
– Polaroid High Definition (4,90-6,40 fr.)
– Fujicolor Superia (6,50 fr.)
– Fujicolor Reala Superia (9,50 fr.)
– Agfa HDC plus (4,90-6,90 fr.)
Source: Test 6/99, Stiftung Warentest.
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