L'Association des consommateurs avertis (ADCA) arrose depuis peu la presse de communiqués aux titres percutants tels que: «Consommateurs: ce qu'on ne vous dit pas sur le 3e pillier». Se définissant comme une structure financièrement neutre et à but non lucratif, elle propose aux expatriés de les aider sur les questions de fiscalité, d'assurances, d'immobilier et d'obligations administratives.
Courtage haï, courtage chéri
En fouillant quelque peu, on constate que l'ADCA partage son adresse et son numéro de téléphone avec SK Conseil Sàrl. Cette société, basée à Chambésy (GE), est active dans les mêmes domaines, mais dans un esprit diamétralement opposé. Parmi les buts inscrits au registre du commerce, on peut notamment lire que SK Conseil Sàrl est active dans le «courtage de tout bien immobilier en Suisse et en France, courtage de produits financiers et d'assurances».
Sur son communiqué de presse diffusé aujourd'hui, l'ADCA sait à merveille jouer les saintes-nitouches en diabolisant le courtage: «Faire appel à un courtier qui travaille avec plusieurs compagnies est souvent un leurre, car il saura mettre en avant le produit pour lequel sa commission est plus grande.»
Derrière ses deux structures que la philosophie semble opposer, un même homme: Sébastien Kügele, le cofondateur du comparateur privé billiga.ch qui travaille également avec des courtiers. «Malgré les termes qui apparaissent sur le registre du commerce, SK Conseil est avant tout spécialisé dans le conseil fiscal pour les personnes imposées à la source. Mais il n'y a pas de lien avec l'ADCA qui ne propose aucun produit», se défend-il.
Confusion facile
Pour Mathieu Fleury, secrétaire général de la FRC, l'emploi du terme «association» n'a certes rien d'illégal, mais créée une confusion malvenue: «En Suisse, l'association est une notion très ouverte. Or, comme le public lui attribue une haute valeur morale, certains profitent de cette image positive pour vendre des services.» Pour que tout soit conforme à la loi et au principe de «but non lucratif», il suffit à une association de donner des mandats à une société commerciale qui peut en tirer profit. Et Mathieu Fleury note qu'il n'est pas rare que les associés des deux structures soient alors les mêmes personnes…
Yves-Noël Grin