Vivre en ville présente un défaut majeur pour bon nombre d’habitants: il est difficile de posséder son propre potager. Pour y remédier, les grandes agglomérations proposent depuis longtemps des espaces nommés «jardins familiaux». La Fédération suisse qui les regroupe compte ainsi
24 000 membres dans tout le pays. Alors que le printemps pointe le bout de son nez, Bon à Savoir s’est intéressé aux différentes offres présentes en terre romande (voir tableau comparatif ci-dessous).
28 terrains de football
Première constatation: toutes les grandes villes ne disposent pas forcément de telles parcelles. Ce sont les habitants du bout du lac Léman qui sont les mieux servis. Genève met, en effet, à disposition 2110 parcelles. Ce qui représente un total d’environ 200 000 m2, soit l’équivalent de 28 terrains de football.
Le chef-lieu du canton de Vaud possède moitié moins d’espaces au total, répartis sur 610 parcelles et dans huit groupements. Les jardins familiaux de Bienne disposent, quant à eux, de 900 parcelles (180 000 m2), alors que ceux de Fribourg en comptent 293 sur 100 000 m2, soit la même surface qu’à Lausanne.
Ces bouts de terrain sont disponibles pour toute personne domiciliée dans la ville correspondante. L’octroi est accordé en fonction de l’ancienneté de la demande. Les listes d’attente étant bien remplies un peu partout, il convient généralement de patienter plus d’une année pour qu’un terrain se libère, sauf à Bienne ou le délai est de six mois au minimum. Et à Genève, si l’offre est importante, la demande l’est tout autant: il faut compter près de deux ans avant de pouvoir planter ses propres salades.
De 12 à 50 fr. par mois
Les tarifs proposés fluctuent généralement en fonction de la taille des espaces loués, mais également de leur emplacement ou du groupement qui les gère. Jean-Marie Brodard, président de l’Association des jardins familiaux lausannois donne un exemple: «Pour un lopin de 200 m2, le prix varie de 350 fr. à 450 fr. par année au total.» Cela comprend divers frais: l’eau, les diverses taxes associatives, l’abonnement au journal mensuel ou encore le tarif de la location.
A Genève, le prix annuel est de 3 fr. le m2. Si l’on ajoute les frais d’inscription (30 fr.), ainsi que des coûts annexes similaires à ceux de la ville vaudoise, cela représente un total d’environ 600 fr. par année.
A Bienne, le système est différent avec un tarif d’entrée plus élevé de 500 fr., puis une taxe annuelle de 360 fr. pour un terrain de 200 m2, par exemple. Enfin, c’est à Fribourg que les amateurs aux mains vertes trouvent les prix les plus doux. Il n’en coûtera que 150 fr. par année, tout compris. Un avantage dû au fait que la bourgeoisie de la ville, qui possède les terrains, impose à l’association gérante un prix bas et fixe pour toutes les parcelles un prix de location à 80 fr. par an (lire «Des lieux à caractère social»).
Notons encore que Lausanne dispose également de 350 plantages. Ces surfaces sont environ vingt fois plus petites que les jardins familiaux. Situés dans les différents quartiers, ils sont délivrées aux personnes habitants à cinq minutes à pied ou moins. Contrairement aux jardins destinés prioritairement aux familles, les plantages peuvent également être demandés par des couples ou des personnes seules.
Loïc Delacour
Atout
Des lieux à caractère social
Les différents interlocuteurs approchés s’accordent sur un point: les jardins familiaux jouent également un grand rôle éducatif et social. Et cela, pour toutes les catégories de la population. Des personnes âgées y trouvent des contacts précieux et des activités revitalisantes, alors que les jeunes, par l’intermédiaire notamment d’activités parascolaires, découvrent comment sont cultivés les légumes avant d’arriver dans l’assiette. Un responsable d’une association nous a même avoué que certains enfants ne connaissaient pas la forme des courgettes avant leur venue! A n’en pas douter, les villes ont intérêt à développer de tels lieux!
Directives
Cultures bio parfois imposées
Les membres sont tenus de respecter des règles strictes. Elles diffèrent selon les associations qui gèrent les jardins familiaux. Voici quelques exemples.
➛Préparer le sol selon les concepts de la culture biologique (notamment à Lausanne et à Genève).
➛Cultiver en permanence, désherber et composter.
➛Bien entretenir le jardin.
➛Utiliser des produits ménageant l’environnement.
➛Maintenir une platebande de fleurs.
➛Interdiction de faire des feux.
Les personnes qui ne respectent pas les directives reçoivent généralement des avertissements et peuvent, en cas de problèmes récurrents, se voir retirer leur parcelle.