Le principe de fonctionnement des sèche-linge était jusqu’à récemment très rustique, soit analogue à celui d’un sèche-cheveux: de l'air chauffé par un corps de chauffe très puissant était soufflé à travers le linge mouillé. L'énergie consommée était ensuite soit expulsée à l'extérieur de l'habitation (type à évacuation) ou dissipée dans la pièce (type à condensation). Ces appareils très gourmands ne pouvaient être mieux placés qu'en classe B.
Une nouvelle technologie, basée sur le principe de la pompe à chaleur, est apparue. En récupérant partiellement l'énergie perdue, elle permet une diminution de consommation de plus de 40%, plaçant ces appareils en classe A+, non encore officielle. En raison de leur plus grande complexité, ces nouveaux sèche-linge sont aussi nettement plus onéreux: au minimum 2000 fr.
Lacunes du système
Cette nouveauté technologique met le doigt sur une lacune du système des classes d'énergie: il ne permet en effet pas de quantifier directement les économies potentielles réalisables, ce qui oblige le consommateur averti à procéder à un calcul plus détaillé, qui tienne compte de l'utilisation réelle qui sera faite de l'appareil.
Concrètement, un couple sans enfant, disposant d'un étendage dans la buanderie – ou dans le jardin durant la belle saison – pour y sécher son linge, pourra renoncer à ce surcoût et investir la somme économisée de manière plus écologique, par exemple dans un réfrigérateur plus économe. En revanche, une famille nombreuse, ne disposant pas de place pour sécher le linge, aura tout intérêt – du point de vue tant écologique qu'économique – à investir une somme rondelette dans un sèche-linge de dernière technologie.
Délicates comparaisons
Autre lacune du système des classes d'énergie: l’impossibilité de comparer l’impact réel des différents types d’appareils entre eux. En effet, les meilleurs sèche-linge consomment encore plus du double des lave-linge pour le «traitement» d'une même quantité de linge. Si on appliquait aux premiers le même barème que celui appliqué aux seconds, ils seraient tous placés en classe G! Il n'y a donc pas de bons et de moins bons sèche-linge, mais seulement des mauvais et des très mauvais, alors que le système des labels fait croire au consommateur qu'il a un comportement écologique en utilisant un sèche-linge de classe A.
La situation est très différente pour les lave-linge. Faute de révolution technologique, leur consommation est pratiquement stabilisée depuis le milieu des années 90. A l'heure actuelle, pratiquement tous les modèles disponibles sur le marché sont en classe A, car il est relativement facile de concevoir de tels appareils sans surcoût notable.
Dès lors, les fabricants exploitent d'autres lacunes du système pour continuer à annoncer les indispensables progrès qui rendront obsolètes les modèles précédents. La principale astuce découle du fait que seul un programme (coton à 60 degrés) est mesuré pour déterminer l'attribution de la classe d'énergie. Sachant que l'essentiel de la consommation d'un lave-linge est occasionné par le chauffage de l'eau, il suffit aux fabricants de diminuer drastiquement la quantité d'eau requise par ce programme, puis de rallonger sa durée, pour en compenser la diminution d'efficacité: avec certaines machines, ce programme «spécial label» dure jusqu'à trois heures! Tous les autres programmes pourront être nettement plus rapides, puisqu'il n'est pas demandé qu'ils soient économes ou efficaces. Paradoxal, car ce sont précisément ces derniers qui sont généralement utilisés!
Ecologie oubliée
Ces deux exemples démontrent que la classe d'efficacité énergétique ne doit pas constituer à elle seule le critère de choix. D’autant que ces symboles ne tiennent pas compte d’autres aspects écologiques importants: la provenance et les méthodes de production, la qualité de fabrication et la durée de vie espérée, le coût et la disponibilité des pièces de rechange, sans oublier leur composition en matériaux recyclables et l'énergie grise nécessaire à leur fabrication.
Laurent Zahn