Le sort de l’assurance vieillesse et survivants (AVS), 1er pilier de la retraite des Suisses, préoccupe au plus haut point la Confédération. Celle-ci multiplie les messages alarmistes, alors que la doyenne des assurances sociales se porte, pourtant, comme un charme. Les comptes 2012 font ressortir un résultat d’exploitation (bénéfice) de 2,03 milliards de francs, soit deux fois plus qu’en 2011. Du coup, sa fortune a gonflé jusqu’à atteindre 42,17 milliards.
Ces bons résultats s’expliquent en partie par les rendements élevés de ses placements (un joli 6,8%) qui ont rapporté 1,47 milliard en 2012. D’autre part, les cotisations des employeurs et des employés ont augmenté de 2%. A la fin de 2012, les revenus sont, ainsi, en hausse de 4,6%.
L’AVS finance l’AI
La fortune de l’AVS se monterait même à 47 milliards, si elle n’avait pas été ponctionnée de 5 milliards en 2011, afin d’éponger une partie des dettes de l’assurance invalidité (AI). Depuis le début du siècle, exception faite de la crise financière de 2002-2008, l’AVS a toujours réalisé d’importants excédents, ce qui lui a permis de multiplier sa fortune par deux entre 2000 et 2012.
Pourtant, l’Office fédéral des assurances sociales n’en démord pas: «L’AVS sera déficitaire dans quelques années», au point que, «d’ici à 2030, il manquera 8,9 milliards, soit l’équivalent de 2% de cotisations». Sans recettes supplémentaires, il faudrait alors relever de trois ans l’âge de la retraite pour équilibrer les comptes, écrit la Confédération.
Des prévisions bien peu fiables
Mais on sait que le pessimisme fait partie du jeu. Les experts se sont plus d’une fois lourdement trompés. En 1995, ils pronostiquaient, par exemple, un déficit de 3,7 milliards pour 2010, alors que l’exercice s’est soldé par un excédent de 1,9 milliard. Sur une période plus courte, rappelons aussi que la Confédération, en 2006, prévoyait une perte de 1 milliard pour 2012, au lieu des 2 milliards de gains encaissés.
Le problème est qu’il y a trop d’inconnues pour faire des projections fiables. Certes, il est relativement facile d’estimer le nombre de futurs retraités sur la base du nombre de travailleurs en activité. Mais il est plus hasardeux de tabler sur leur espérance de vie. Personne n’est en mesure, non plus, de prédire l’évolution de l’immigration, de la productivité, de l’économie, des salaires ou des rendements des capitaux. La seule chose qu’on peut affirmer est que l’AVS ne s’est, historiquement, jamais aussi bien portée.
Philippe Chevalier