En Suisse, 2,6 millions de tonnes de nourriture finissent chaque année à la poubelle. Quasi 10% du gaspillage alimentaire serait dû aux dates de péremption. La loi fait une distinction entre la date de durée de conservation minimale (DCM) et la date limite de consommation (DLC). Or, de nombreux consommateurs les confondent et jettent les aliments sans réfléchir.
Pour rappel, la DCM s’applique aux denrées peu périssables ou de garde. Elle s’accompagne de la mention «à consommer de préférence avant». Purement indicative, c’est la date jusqu’à laquelle un aliment garde ses qualités spécifiques (odeur, couleur, goût, etc.). Au-delà, il est généralement parfaitement comestible et ne représente pas de risque pour la santé.
Le casse-tête des dates
Quant à la DLC, il s’agit d’une information de sécurité alimentaire qui doit être scrupuleusement respectée. Elle se reconnaît à la mention «à consommer jusqu’au» qui indique que la denrée doit être consommée jusqu’à cette échéance et pas plus tard. Elle concerne les produits frais périssables – comme la viande fraîche ou le poisson – potentiellement dangereux pour la santé lorsqu’ils se dégradent à cause du développement de bactéries.
Comprendre les mentions sur les emballages est souvent un casse-tête pour les consommateurs. Forte de ce constat, la start-up Too good to go a lancé, l’automne dernier, un nouvel label, «Souvent bon après». Une douzaine d’entreprises ont accepté de rejoindre le projet, dont Cailler, Emmi, Unilever, Hug, Hero ou encore la Brasserie artisanale Dr. Gab’s.
Transformation graduelle
Les premiers produits munis de la mention «Souvent bon après» ont fait leur apparition sur les rayons fin 2019. Si les entreprises ne doivent pas payer pour utiliser le label, elles ont eu besoin de quelques mois pour adapter les emballages des produits sélectionnés et finir les stocks. La transformation se fait graduellement. Hug, par exemple, a choisi, pour l’instant, d’ajouter le libellé sur deux «produits phares», Dar-Vida nature 375 g et Wernli Choco Petit-Beurre au lait. D’autres articles pourraient suivre.
Faire confiance à ses sens
L’étiquette ne remplace pas la date de durabilité minimale, généralement calculée très prudemment, mais complète celle-ci. Les consommateurs sont ainsi encouragés à utiliser leurs sens (observer, sentir, goûter) pour vérifier l’état du produit. La règle est très simple: si l’odeur et le goût sont bons et qu’aucun changement visuel n’est apparu, l’article peut généralement être consommé après la DCM.
«L’objectif est de sensibiliser les gens et de changer les habitudes», souligne Oriah Kaspi, porte-parole de Too good to go. Reste à savoir comment les consommateurs accueilleront cette initiative, alors que les emballages sont déjà très chargés en informations!
Alexandre Beuchat / Sandra Porchet
Bien au-delà de la date!
Même s’ils peuvent être consommés après leur date de durée de conservation minimale (DCM), un yogourt n’a pas la même longévité que des pâtes ou des boîtes de conserve. Martin Loessner, professeur en microbiologie des aliments à l’EPFZ, a bien voulu nous donner des estimations sur le dépassement possible de la DCM. Ces indications sont valables pour des emballages fermés et conservés dans de bonnes conditions. Si rien n’est précisé, la meilleure conservation se fait au sec et au frais, c’est-à-dire idéalement à 15°C ou si cela n’est pas possible, dans une armoire éloignée des sources de chaleur (four, cuisinière, radiateur, etc.).