Quatre cent dix millions de francs: c’est l’amende infligée, en avril dernier, par les autorités européennes aux entreprises Unilever (Coral, Omo, Surf) et Procter & Gamble (Ariel). Celles-ci ont été accusées d’avoir participé à un cartel qui a duré trois ans, de 2002 à 2005, sur le marché des produits à lessive. Leur entente visait une coordination en vue d’une stabilisation des prix à un niveau particulièrement élevé.
A côté de ces deux géants, l’allemand Henkel (Persil). Ce dernier n’a pas été sanctionné, puisque c’est lui qui a révélé l’existence de cet accord. Au cours de la procédure, l’anglo-néerlandais Unilever et l’américain P & G ont admis leur participation au cartel et ont donc vu leurs amendes réduire de 10%.
Même s’il a été admis que cette entente concernait huit pays de l’Union européenne (France, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, Portugal, Hollande et Espagne), une comparaison des prix en Suisse entre 2002 et 2004 révèle pourtant une possible entente.
En effet, en 2004, un cycle de lavage avec les produits Omo, Persil ou Ariel revenait exactement à 63 ct., dans les trois cas. Avec des lessives concurrentes, comme Biancomat, Total, Elan ou encore Mr. Propre, la note baissait à 50 ct., voire à 40 ct.
Le constat avec des lessives pour les couleurs est identique: alors qu’un cycle de lavage se montait entre 65 et 66 ct. avec un produit Persil ou Ariel, il en coûtait 10 à 20 ct. de moins chez les concurrents.
Sociétés muettes
Unilever et Henkel refusent de se prononcer sur ce constat. Procter & Gamble indique pour sa part qu’il s’agit d’une vieille affaire et qu’elle ne concerne pas la Suisse. La Commission de la concurrence (Comco) a, pour sa part, renoncé à mener une enquête. Selon Patrik Ducrey, son porte-parole, l’une des entreprises se serait annoncée spontanément à elle, mais sans toutefois fournir de preuves concrètes. A l’heure actuelle, l’Union européenne ayant pris les mesures nécessaires, aucune action complémentaire n’est envisagée en Suisse.
Andreas Schildknecht / mt