On ne vit qu’une fois, et on ne choisit qu’une fois le mode de perception de son avoir de vieillesse. Cette décision est irrévocable et elle est tout sauf anodine, puisqu’elle peut influencer le revenu net annuel de plusieurs milliers de francs. Elle a aussi des conséquences évidentes sur la flexibilité et la sécurité financière du retraité.
Soyons clairs: faire le meilleur choix pour son portemonnaie n’est pas aisé. Plusieurs facteurs font pencher la balance d’un côté ou de l’autre comme le montant de l’avoir de vieillesse, la fiscalité de son lieu de domicile ou encore le taux de conversion. Sans oublier l’âge de décès, aspect fondamental qui ne peut que faire l’objet d’hypothèses.
L’expertise d’un professionnel compétent est donc souvent précieuse. En attendant, voici quelques considérations à retenir sur les différentes options.
La rente
C’était l’option préférée des Suisses en 2016 (51 %). «C’est la solution de sécurité par excellence», résume Olivier Segessemann, directeur de la succursale de Lausanne à la Société de conseils financiers VZ. La rente est garantie à vie et le bénéficiaire n’a pas à se préoccuper d’investir son avoir de vieillesse et de le gérer correctement jusqu’à la fin de ses jours.
Une simulation effectuée par Crédit Suisse rappelle aussi que plus le taux de conversion est élevé, plus la rente est logiquement attractive du point de vue financier. Du coup, les personnes disposant d’un avoir de vieillesse modeste ont souvent intérêt à faire ce choix, car leur avoir est essentiellement composé de la part obligatoire, pour laquelle la loi garantit encore un taux élevé de 6,8%. «La rente est la solution que nous préconisons le plus souvent pour les avoirs de moins de 300 000 fr.», confie ainsi Olivier Segessemann.
Selon VZ, «l’inconvénient majeur de la rente réside dans les conditions défavorables à l’égard des héritiers». En effet, en cas de décès, le conjoint touche une rente de survivant correspondant généralement à 60% de celle du défunt. Et, s’il ne reste que des enfants majeurs, ils n’auront rien, car l’avoir restant échoit à la caisse. En revanche, lorsqu’on retire son capital, les survivants héritent du montant non dépensé.
Il faut savoir aussi que la plupart des caisses ne compensent pas, ou en partie seulement, le renchérissement sur la rente allouée. Le bénéficiaire risque ainsi de voir son pouvoir d’achat s’éroder. Avec une inflation annuelle de 1,5%, le pouvoir d’achat d’une rente non compensée de 5000 fr. est passé à 4300 fr. après dix ans et à 3700 fr. après 20 ans, note VZ.
Le retrait de capital
C’est l’option que 31% des Suisses ont choisie en 2016. Il faut s’assurer cependant que le règlement de sa caisse de pension autorise bien un retrait total du capital, car la LPP n’oblige à verser que 25% de
la part obligatoire.
Ce choix permet une flexibilité accrue, puisque le bénéficiaire dispose librement de son avoir. Le retraité peut donc, par exemple, s’octroyer un revenu plus élevé durant les premières années de la retraite, rembourser son hypothèque, faire une avance sur héritage à ses enfants, etc. Cela étant, la majorité du capital doit tout de même être investie pour générer un rendement et il faudra le consommer au fil des ans si l’on veut avoir un revenu comparable à la rente. Il est donc impératif d’être bien conseillé.
La question de l’imposition joue un rôle important. Tout en précisant bien que chaque cas est spécifique, Crédit Suisse estime, dans un document récent, qu’un retrait en capital paraît plus intéressant du point de vue financier dans les régions où la charge fiscale est lourde. En effet, le capital n’est soumis à l’impôt qu’une seule fois lors de son retrait à un taux réduit, puis comme fortune ensuite, alors que les rentes sont imposées à 100% comme revenu.
La rente et le capital
C’est une solution mixte préférée par 18% des retraités en 2016. Une partie de l’avoir est perçue sous forme de rente et le capital restant est retiré, permettant à la fois sécurité et flexibilité. «La rente sert à assurer les besoins de base jusqu’à un âge élevé», précise VZ. A noter que les couples ont la possibilité aussi de choisir, l’un la rente, et l’autre le capital.
Sébastien Sautebin
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