Les crises financières à répétition et l’instabilité générale des marchés poussent toujours plus d’investisseurs vers des placements dits «tangibles». Parmi ceux-ci, le diamant connaît un regain d’intérêt dans les salles de vente et auprès des grossistes. Par nature réservé à une clientèle aisée (un diamant est 14 000 fois plus cher que l’or!), ce type d’investissement peut-il trouver sa place dans le portefeuille financier de Monsieur et Madame Tout–le–Monde?
Une chose est certaine: la cote du diamant ne cesse de grimper, sans atteindre (encore) les valeurs délirantes de celles de l’or. Pendant que le Suisse Market Index (SMI) perdait 40% entre 2007 et aujourd’hui, le très select Diamond Prices Index TM a gagné, lui, plus de 50%! Il faut toutefois relativiser cette belle performance, car la cotation se fait en dollars, devise qui a perdu beaucoup de ses couleurs. Il n’empêche que «le diamant a toujours été considéré comme une valeur sûre. «Et il y a peu de risque que cela change», estime Serge Fradkoff, expert international, ancien bras droit de Harry Winston, feu «le roi du diamant».
Le Fonds Divine Jewels, récemment créé et auprès duquel Serge Fradkoff officie, promet carrément un potentiel de hausse de 10% par an, en comptant avec une part en diamants de 33%, le solde étant placé en bijoux anciens et en pierres précieuses. Mais n’entre pas dans ce fonds qui veut: la mise de départ est fixée à 125 000 fr. et il faut compter avec des frais élevés.
Plus modestement
Pour les investisseurs plus modestes, il peut être intéressant de garnir son bas de laine avec quelques diamants, de qualité certifiée, de 1 à 10 carats (lire encadré), assure Nicolas Vernain. A titre d’exemple, le grossiste genevois cite le cas d’une pierre de 1 carat, munie d’un certificat D ou E VVS2. En 10 ans, soit entre 2001 et 2011, son prix a augmenté de 83% à 85%. «Bien sûr, rappelle l’expert, le passé ne présage jamais de l’avenir.» Mais la conjoncture actuelle semble plutôt favorable. D’une part, la demande est en forte croissance, tirée par les classes très aisées des pays tels que la Chine, l’Inde, la Russie et ceux du Moyen-Orient. D’autre part, la production minière peine à suivre le mouvement.
Eviter les achats sur internet
Dans un marché de spécialistes, où évoluent gros escrocs et petits malins, il est sage de passer par des enseignes réputées, conseille Sotheby’s. Le problème est que les marges dans la bijouterie peuvent être colossales, jusqu’à doubler, voire plus, le prix d’une pierre.
Serge Fradkoff recommande alors d’acheter chez un grossiste réputé, ce dernier se fournissant sur les marchés primaires, tel celui d’Anvers. Autrement dit, directement chez le tailleur. Quant aux achats online, les deux experts les déconseillent vivement aux profanes. Nicolas Vernain (qui n’est certes pas neutre) qualifie la toile de «poubelle miraculeuse», parce que les marchands y écouleraient leurs invendus, notamment les pièces qui ne sont plus au goût du jour. On y trouve souvent des pierres écoulées avec un certificat peu fiable ou encore des diamants de 0.99 carat, «difficiles à revendre, le carat constituant une barre symbolique», explique Serge Fradkoff.
En conclusion, on ne peut donc que déconseiller l’achat de diamants sans passer par un expert de confiance. Et, même dans ces conditions, Nicolas Vernain recommande de ne pas investir plus de deux ou trois salaires dans ce genre de placement.
Philippe Chevalier
A quoi faire attention
Chaque diamant est une pièce unique. Il existe toutefois des critères permettant d’évaluer la qualité d’une pierre, les fameux «quatre C»:
- Carat - Unité de poids (non de pureté), correspondant à 0,2 gramme.
- Colour (couleur) - Critère de rareté, elle se décline sur une échelle allant de D (incolore) à Z (teinté). Sans parler des couleurs fantaisie (Fancy Colour).
- Clarity (pureté) - Mesure le nombre d’impuretés. De FL (sans impureté) à P3 à (décelables à l’œil nu et nuisant à la brillance).
- Cut (taille) - Désigne la qualité et la forme de la taille: angles, qualité du poli, proportions, nombre de facettes, etc.
Ces caractéristiques font partie du certificat de gemmologie. Sorte de carte d’identité, ce document est incontournable. Les certificats les mieux reconnus sont GIA, Gübelin, HRD, SSEF, IGI. Nos interlocuteurs déconseillent le EGN.